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(Diaporama) Le Cinéma Le Louxor attendu au tournant

Publié le 16 avril 2013

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Le nouveau Louxor est inauguré ce mercredi 17 avril 2013. Le mythique cinéma parisien a été restoré à l'origine, avec ses décors égyptiens et des vitraux oubliés en façade. Une réalisation signée de l'architecte Philippe Pumain.
(Diaporama) Le Cinéma Le Louxor attendu au tournant - Batiweb

Le bâtiment devait retrouver sa monumentalité et sa force d'expression dans l’espace public, essentiellement par la remise en place des mosaïques manquantes et par la régénération des épidermes en granito. Globalement, les travaux réalisés sur l'enveloppe ont été de trois ordres : la restitution des dispositions architecturales anciennes, telles que le décaissé de façade boulevard de Magenta, la remise en place des mâts ou la réouverture du porche sur l'extérieur ; la restauration des bétons ; la régénération des épidermes en mosaïques, en granito - enduit poli à base de granulats de marbre - et en enduit de ciment. Pour les mosaïques, partie intégrante des façades, deux types de prestations s’imposaient : d'une part la restauration des mosaïques encore en place, et d'autre part la restitution, avec préparation en atelier, des mosaïques disparues, en particulier pour l'ensemble de la corniche sommitale côté boulevard de la Chapelle.

Le principe général retenu pour la ventilation des salles et des principaux espaces a consisté à utiliser des centrales de traitement d'air réparties dans le bâtiment et dont le préchauffage de l'air a été prévu au moyen d'une pompe à chaleur implantée dans le volume de l'édicule entre les poutres-échelles. Alimentée par un captage dans la nappe phréatique située à environ 80 mètres de profondeur sous le site, cette pompe, apte à produire à la fois du chaud et du froid, assure également le rafraichissement du bâtiment. L'utilisation d'une installation géothermique avec pompe à chaleur sur nappe phréatique a permis de respecter le Plan climat de la Ville de Paris avec une consommation inférieure à 80 kWh d'énergie primaire par an et par m2 de surface hors-œuvre nette. À titre de comparaison, la consommation estimée du Louxor avant rénovation était d'environ 540 kWh ep./m2/an, soit près de sept fois l'objectif à atteindre.

Mise aux normes: sécurité et accessibilité

Afin de répondre aux normes de sécurité et d'accessibilité, de nouveaux escaliers ont été créés en complément de l'escalier historique conservé et restauré ainsi qu'un ascenseur dédié aux personnes à mobilité réduite, desservant tous les niveaux du bâtiment. Par ailleurs, en application de la charte d'accessibilité pour tous de la Ville de Paris, les trois salles de cinéma mais aussi les principaux espaces publics du bâtiment (hall, foyer-salle d'exposition, bar) sont équipés de boucles audio-magnétiques qui permettent aux personnes malentendantes de recevoir le signal audio directement sur leur appareil auditif. Dans les trois salles est également prévu un dispositif d'audio-description des films pour les personnes malvoyantes ou aveugles.

Du fait de sa date de construction et de sa conception structurelle, essentiellement en béton armé, le Louxor était quasi exempt de présence d'amiante, mais le chantier n'a pas échappé à une petite campagne de désamiantage, ce matériau « miracle » ayant tout de même été utilisé au Louxor dans les années 60-80 dans certaines colles de revêtements de sol ainsi que dans quelques conduits en fibrociment. L'élimination de ces matériaux potentiellement dangereux a pu se faire dans les conditions de sécurité requises en juillet-août 2009, avant d'entamer d'autres travaux.

Après une installation de chantier délicate et spectaculaire – avec une base-vie installée à six mètres de hauteur sur de grands portiques métalliques, partiellement en surplomb du boulevard de la Chapelle, pour permettre les accès de livraison et d'évacuation – le chantier a vraiment démarré en septembre 2010 pour près de trente mois. Compte tenu de la durée du chantier et de son emplacement stratégique au carrefour Barbès, il a été décidé de mettre en place une palissade et une bâche décorées, valorisant le projet et informant sur la restauration attendue depuis des décennies par les habitants.

LP
Photos intérieurs : © Mairie de Paris/Jean-Baptiste Gurliat

Le Louxor est idéalement situé à l'angle de deux axes importants : d’une part, l’axe nord-sud des boulevards Magenta/Barbès et d’autre part, l’axe est-ouest des boulevards Rochechouart/la Chapelle. Visible aussi bien depuis les voies de circulation que depuis le métro aérien, le Louxor doit jouer un rôle de premier plan dans la requalification du site, engagée depuis plusieurs années.   La proposition de réouverture totale du porche, comme dans la disposition d'origine, est en cohérence avec ce principe. Cet espace redonné à la ville incitera les passants à investir le bâtiment pour les séances de cinéma et les différentes activités d’accompagnement proposées : expositions, animations, bar... Le porche permet également de contenir tout ou partie des files d'attente sans trop investir les trottoirs ; il sera clos par des grilles articulées en dehors des heures d'ouverture de l'équipement.  En croisant cette volonté d'une intégration réaffirmée dans son quartier avec l'intérêt patrimonial du bâtiment, le projet de réhabilitation reposait essentiellement, pour son aspect extérieur, sur un principe de restauration complète des façades au plus près de leur état initial de 1921, en retrouvant l'intégralité du décor égyptisant, y compris les grands mâts inspirés de ceux des pylônes des temples égyptiens, disparus depuis les années 40. Ces mâts participeront à la signalisation du bâtiment, en particulier la nuit, grâce à leurs disques lumineux.  La grande salle Youssef Chahine, au décor égyptisant restitué, comprend 342 places – 334 fauteuils et 8 emplacements pour les personnes en fauteuil roulant – dont 192 places au parterre, 116 au premier balcon et 34 au second balcon. La salle comporte, comme à l'origine, une petite scène permettant d'accueillir des réalisateurs et autres intervenants à l'occasion d'avant-premières ou de festivals. Sous la scène a été restituée la fosse d'orchestre dans laquelle un pianiste ou une petite formation musicale peuvent accompagner des films muets projetés, comme en 1921, sur l'écran directement peint sur la paroi. En dehors de cet écran "historique", de six mètres de largeur, la salle bénéficie d'un écran de neuf mètres de large, conforme aux standards actuels, enroulable et escamotable dans le décor au-dessus de la scène.   Pour sa part, la « boîte dans la boîte » de la grande salle comporte un plancher bas en béton portée par des poutres métalliques reposant sur des boîtes à ressorts. Une série de portiques métalliques avec un remplissage en maçonnerie constitue les parois de la boîte, avec un plafond en plaques de plâtre surmontées d'un matelas d'isolant qui forme le sixième côté de la boîte acoustique. Les portiques supportent également les deux balcons, reconstruits en structure métallique, qui sont de ce fait eux aussi totalement désolidarisés des structures existantes.  Dans la grande salle Youssef Chahine, le décor des années 20, qui était resté visible du public en tout et pour tout pendant dix ans – les éléments réellement néo-égyptiens (colonnettes, personnages, hiéroglyphes, têtes de pharaons, caissons décorés...) ayant été en grande partie déposés et recouverts dès le début des années 30 –, présentait à l'origine une certaine sophistication.   Le plafond à caissons était également traité avec un grand soin, les sous-faces des poutres étant ornées de motifs floraux et de cartouches de hiéroglyphes, copiés sur de vrais caractères mais d'un assemblage fantaisiste. De grands éléments en staff, également ornés de motifs égyptisants (vautours, serpents...) occupaient les travées du plafond à l'axe de la salle.   Ultime espace accessible au public, le bar du Louxor, implanté au troisième étage et attenant au second balcon, bénéficie d'une terrasse extérieure au-dessus du foyer et du porche, avec vue sur Montmartre et le Sacré-Cœur.  Réalisés à l'origine en staff ajouré, pour permettre à la fois la ventilation de la salle et un éclairage zénithal, a priori plutôt "symbolique", au moyen de luminaires suspendus dans l'édicule technique qui surmonte le plafond de la salle, ces éléments décoratifs disparus dès les années 30 ont été réinterprétés sous forme de caissons lumineux en métal et verre, reprenant le dessin des motifs égyptisants et utilisant des diodes électroluminescentes comme source d'éclairage.   

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