Construire toujours plus grand, toujours plus haut
Le CTBUH observe chaque année les constructions dans le monde. Depuis quelques temps, il se penche sur la prolifération des tours. Pour le Conseil, ces projets indiquent « l’intérêt de créer des habitats horizontaux en hauteur dans des villes verticales de plus en peuplées ». Résultat : le nombre de tour a encore augmenté en 2019, et plus particulièrement les « supergrands bâtiments » de plus de 300 mètres de haut. En 2019, 26 bâtiments de plus de 300 mètres ont été construits, c’est 8 de plus que l’année précédente. Le CTBUH remarque aussi que la construction des bâtiments d’au moins 200 mètres de haut décline de « 13,7% » car les constructeurs privilégient désormais les constructions plus imposantes.
Une compétition entre pays…
L’Asie et l’Amérique se font depuis des années concurrence, à celui qui aura le mieux, et cela dans tous les domaines (cf guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis). En 2019, c’est le continent asiatique qui a eu le plus de tours construites sur son territoire, avec 87 bâtiments sur un total de 126 dans le monde. La Chine est même le premier pays à avoir la folie des grandeurs du continent avec 57 constructions.
Les États-Unis détiennent cette année encore, le second record, avec 14 tours construites, soit 11,9% du total de tours construites. Suivent les Émirats Arabe Unis avec 13 bâtiments, la Malaisie avec 7 bâtiments et les Philippines avec 5 tours.
Cette compétition peut aussi être interne à un pays. En Chine, une tour construite en 2019, mesurant 530 mètres, est directement entrée dans le top 3 des immeubles les plus hauts du pays, de quoi inciter à construire encore plus grand.
…Mais aussi entre les villes
C’est un autre constat délivré par le CTBUH : dans certaines villes, le nombre de construction de tour augmente plus fortement que le nombre de tours construites dans le pays. Autrement dit, les « skyscrapers » se concentrent en majorité dans une seule ville et ne sont pas réparties dans l’ensemble du pays.
C’est le cas notamment à New-York. Deux tours sont venues s’ajouter aux immenses blocs de béton déjà existants : la One Manhattan West et la Hudson Yards. Toutes deux mesurent plus de 200 mètres de hauteur.
Cette ambition de hauteur est également répertoriée à Tokyo, où une autre tour de 228 mètres, nommée « Shibuya Scramble Square », s’est implantée dans l’intersection d’un boulevard bien connu pour rassembler les plus hauts bâtiments de la ville : le « Shibuya Scramble ».
De nouveaux venus dans le classement
Le CTBUH note également qu’en 2019, la plupart des villes et des régions du classement n’en faisait pas partie auparavant. Cet élément prouve que la construction est attractive, le Conseil ne manquant pas de rappeler que « les tours sont des indicateurs économiques - plusieurs de ces tours (du classement NDLR) ont été conçues et commencées au moins cinq ans auparavant – et qu’elles reflètent ainsi les circonstances de développement de la demie-décennie précédente ».
Alger par exemple, est entrée dans ce classement avec la Grande Mosquée d’Alger, mesurant 265 mètres. D’autres bâtiments en Algérie pourraient faire partie de ce classement, mais pour être considéré comme un bâtiment, la surface occupable doit être d’au moins 51%.
À Johannesburg, la tour « The Leonardo » devient le plus haut bâtiment du pays et le second plus haut du continent Africain. L’Europe a désormais elle aussi un bâtiment d’exception grâce à la construction d’une tour de 462 mètres en Russie. Elle se classe parmi les 13 buildings les plus grands du monde.
Plus haut et plus complexes
Lorsque l’on s’imagine une tour, on pense très souvent à un bloc de béton vitré. Certains constructeurs essaient de modeler les tours pour qu’elles ne soient plus apparentées à ce bloc uniforme. Ce sont le cas de trois tours en construction, classées dans la partie « Remarkable Projects » du CTBUH.
La première « Leeza Soho » se situe en Chine, dans le sud-ouest de la capitale. La tour a un aspect arrondi, une partie des vitres de la tour forme une vague qui permet de séparer le bâtiment en deux.
Seconde tour innovante, également construite en Chine, la « Tianjin CTF Finance Centre ». Elle prend des formes de courbes permettant de « réduire les effets du vents » avec une base carrée, légèrement arrondie dans les coins qui « permet des conceptions intérieures uniques et des options de personnalisation pour les occupants ».
Situé de l’autre côté du globe, le troisième building, sobrement appelé « 53 West 53 », rejoint les autres tours de New York. Pour la construire, les architectes ont dû faire preuve de beaucoup d’ingéniosité car elle se situe au milieu de trois districts différents de la ville, tous « avec une surface au sol et des limites de volumes différents ». La tour est en fait une composition de deux bâtiments aux sommets triangulaires dont le volume diminue à chaque étage.
Cet engouement autour des hauts bâtiments ne s’arrêtera certainement pas là. Pour 2019, le CTBUH prévoit la construction de 115 à 145 tours de plus de 200 mètres. Entre 17 et 30 d’entre eux mesureraient plus de 300 mètres.
J.B
Photo de une ©Adobe Stock