Comment penser la métropole de demain ?
Recycler les matériaux de chantiers
Créer des "valoristeries" en se mettant en rapport avec les chantiers "de riches" qui rejettent beaucoup de matériaux pour récupérer ce qui peut l'être. L'idée est de Patrick Bouchain, architecte reconverti en promoteur-conseil, avec l'ambition de "dénormer le logement social". "Il y a des décisions à prendre, on observe dans l'histoire de grands mouvements de résistance quand le gouvernement ne prend pas ses responsabilités", note le constructeur qui n'hésite pas , quand cela s'impose, à contourner une réglementation devenue trop lourde et contradictoire. "Ne pas construire avec de grands groupes mais avec les artisans que l'on connaît" est une autre de ses démarches pour faire "des équipements culturels au prix du logement social".
Reconstruire au cœur des quartiers
"La solution n'est pas de tout raser pour faire la ville aimable mais de reprendre des espaces existants, reconstruire au cœur des quartiers", évoque l'architecte urbaniste Nicolas Michelin. Sur la question du partage des équipements, il cite certaines de ses réalisations où la frontière public/privé s'estompe. Sa passerelle en bois de Rueil-Malmaison relie ainsi deux jardins en une sorte de "mille pattes reliant quartier de bureaux et d'habitation, où les gens se retrouvent pour pic-niquer". A Dunkerque, il construit 200 maisons articulées autour d'un parc commun, "l'espace public entrant dans une cité pavillonnaire". Sur un autre programme d'habitation, il crée des terrasses publiques à usage privé, introduisant mixité programmatique et d'usage.
Agrandir les tours et non détruire
Transformer plutôt que démolir : telle est la réponse de l'architecte Anne Lacaton à l'ambition gouvernementale de détruire pour reconstruire (avec la politique de déconstruction de l'Anru). Deux constats: un espace public de plus en plus restreint sous la pression foncière, et un attrait pour la maison individuelle et des espaces privés plus généreux. Réponse de l'architecte : au lieu de détruire les immeubles de banlieue perçus comme des échecs, agrandissons-les ! En proposant une extension de trois mètres d'épaisseur autour des tours, on obtient des espaces supplémentaires, "liens entre le dehors et le dedans", en une sorte de "maison particulière". "Pour les promoteurs, cette opération signifie une plus-value donnée à l'immeuble lui-même."
Les vidéos des échanges sont visibles en ligne : www.echangesmetropolitains.com
Laurent Perrin
Vues 'avant' et 'après' de la réhabilitation de la tour Bois-le-Pretre (Paris) par les architectes Druot – Lacaton – Vassal (MO : Paris habitat/OPH).