Bezannes Esperanto : un projet architectural multiculturel
« Konekti » intègre trois phases de développement à savoir la construction de deux maisons connectées, d’un collectif de 53 logements et bien sûr des maisons des cinq continents sur un site de 12 hectares situé dans la commune de Bezannes.
Alain Nicole, Directeur général de Plurial Novilia, explique que le projet est né de « la volonté du groupe d’innover et de mettre en avant son ouverture aux autres cultures ».
« Bezannes Esperanto » fait ainsi partie d’un projet ambitieux aux connotations internationales imaginé comme une porte ouverte sur le monde de la construction et sur les différentes manières d’habiter.
« Nous vivons dans une époque où la société n’a jamais été aussi riche de sa diversité et pourtant cela ne se ressent que trop rarement dans les grands projets de construction. Les maisons des cinq continents permettent de penser une façon globale de construire » souligne M. Nicole.
5 agences d’architectes, à la fois installées en France et dans leurs pays d’origine, participent au projet Bezannes Esperanto à savoir Arep, S’Pace, Oualalou & Choi, Triptyque, Lacoste & Stevenson. Les cinq maisons, trois T4 et deux T3, se veulent ainsi être de double identité culturelle puisqu’inspirées de la culture française et locale.
Bien que chaque agence ait été chargée de développer une maison en particulier, un grand travail d’équipes a été mené grâce aux diverses réunions organisées sous l’égide de Plurial Novilia et de la ville de Bezannes.
Jean-Pierre Belfie, le maire de Bezannes félicite l’initiative. « C’est un superbe projet qui permet de mettre en valeur les richesses architecturales du monde et d’établir une passerelle entre les différentes cultures. C’est par ailleurs le fruit d’un travail en symbiose qui intègrera le quartier d’affaires de Bezannes à l’international ».
Catherine Vautrin, Députée présidente de Reims Métropole, rappelle que Reims est composée de 43% de logements sociaux et que « Bezannes elle-même a une place particulière puisqu’elle accueille une des deux gares TGV de la métropole. Ce projet signifie une ouverture sur la France et à l’internationale ».
Le nom Esperanto n’a pas été choisi au hasard puisque c’est une langue auxiliaire internationale créée à la fin du XIXe siècle et utilisée dans plus de 125 pays à travers le monde.
L’eau, la terre, le bois, le végétal et la pierre sont inhérents au projet qui promet de répondre aux enjeux du développement durable.
Arep Ville sera chargé de définir l’emplacement des cinq maisons au sein d’une parcelle qui mêlera logements, activités économiques et espaces verts.
« Bezannes s’intéresse au monde. Ce projet relance le concept de la maison individuelle un peu abandonné par les architectes. Il y a cette notion de partage de connaissances techniques, d’enjeux politiques, de savoir-faire et de manières de fabriquer des projets sur mesure », précise Louis Moutard, architecte-urbaniste pour Arep.
Le coût de construction des maisons devraient atteindre les 1900 euros / m2. Le début du chantier est prévu pour fin 2016 tandis que la livraison devrait s’effectuer une année après.
Maison « Europe »
©Arep
La maison Europe a été dessinée par Arep, une tâche qui n’a pas été des plus simples puisque la typologie des constructions en Europe varie considérablement d’un pays à l’autre. De plus, les habitudes et les modes de vie diffèrent eux aussi, c’est pourquoi les architectes ont choisi de « travailler sur les usages » et de créer une maison modulable et évolutive.
Deux espaces composeront la maison à savoir au rez-de-chaussée un studio indépendant pouvant accueillir un senior ou un jeune, et à l’étage des pièces à vivre donnant sur une terrasse pour privilégier des vues sur le parc.
« Cette maison rend beaucoup de choses possibles. L’espace à l’étage est modulable, c’est-à-dire qu’une famille ayant des enfants pourra adapter les pièces selon ses besoins et l’usage qu’elle veut donner à son habitat. Rien de les empêchera de rajouter des cloisons ou au contraire d’en enlever », précise l’architecte Raphaël Ricote.
Les matériaux qui seront utilisés pour cette maison seront le bois et le verre « de manière à former un volume géométrique simple et répondre aux principes d’une architecture aux lignes minimalistes ».
Maison « Afrique »
©Oualala & Choi
L’agence d’architectes Oualalou & Choi a développé un projet autour de deux concepts : la matière, et le rapport entre la partie et le tout.
La terre est un matériau présent sur tous les continents. L’idée de l’utiliser et de la mêler avec des technologies contemporaines est donc apparu comme une évidence.
L’agence explique que la terre est « sensuelle, épaisse, primitive et brutale. La matière est en Afrique le cœur de la présence architecturale. Choisir la terre c’est donc inscrire le projet dans une histoire et une trajectoire constructive qui va de l’Afrique du Nord au pays des grands Lacs ».
La maison est faite d’un ensemble de volumes « accrochés entre eux. Le projet raconte l’Afrique : superposition, agrégation, empilement, articulation. La maison devient un village ».
Maison « Océanie »
©Lacoste & Stevenson
Cette maison privilégie aussi bien l’intérieur que l’extérieur. En effet, pour respecter ce rapport avec la nature et l’environnement propre aux maisons océaniennes, l’agence Lacoste & Stevenson Architects a intégré un patio intérieur à la maison et a imaginé un jardin d’eau occupant la majeure partie de la parcelle.
« La Maison Océanienne est entourée d’eau, ce qui permet de maintenir une certaine distance entre les espaces publics et privés. La maison se développe autour d’un patio à l’abri des regards », explique l’architecte Thierry Lacoste.
Les matériaux et les méthodes de construction sont écologiques et durables. Si la structure est en bois, le béton de chanvre a été privilégié pour l’isolation des murs.
« Le béton de chanvre rappelle admirablement la terre rouge australienne tout en combinant les qualités d’isolation requises pour le climat champenois beaucoup plus froid que le climat océanien ».
Maison « Asie »
©S'Pace
La maison « Asie » représente avant tout le Japon où les constructions modernes antisismiques se mêlent aux constructions plus traditionnelles.
L’agence S’pace Architectes a pensé une architecture qui respecte l’esprit de la maison japonaise où la notion d’adresse n’existe pas. « Il fallait trouver le juste équilibre entre les espaces publics (ma ville), le voisinage (ma résidence), chez soi (mon foyer) et en soi (ma cabane) », précise l’architecte Jean Robert Mazaud.
La maison privilégie l’interaction entre la nature et le construit pour une plus grande harmonie. De grandes baies vitrées laissent passer la lumière et permet ce contact entre l’intérieur et l’extérieur.
Le matériau choisit est le bois notamment pour son bas coût et pour répondre à des enjeux de performance énergétique. Des capteurs photovoltaïques en toiture permettront d’alimenter une voiture électrique.
Maison « Amérique »
©Tryptique
L’agence Tryptique s’est inspirée des favelas brésiliennes d’une complexité « fantastique et architecturalement prodigieuse » pour dessiner une maison à la « tropicalisation inversée ».
L’architecte Olivier Raffaelli explique qu’au Brésil « le rapport avec le climat est différent. On n’a pas besoin de se protéger et donc le rapport intérieur / extérieur est un peu plus flou ».
La maison, à l’architecture moderne, est ouverte. C’est-à-dire que les limites ne sont pas évidentes. La maison a été construite à partir d’un nucléo qui permet de se projeter vers l’extérieur.
« Nous avons crée un dispositif de murs, d’ouvertures et d’escaliers qui permettent à l’habitant de vivre sa maison dans un rapport entre l’extérieur et l’intérieur, différent des maisons traditionnelles françaises ».
La maison est blanche pour une plus grande luminosité. Le jardin devrait avec le temps englober la maison et lui apporter de la couleur.
R.C