« Architextures et perspectives » au Palais Idéal
Après l’exposition « Correspondances » qui fut la première d’une trilogie consacrée à l’œuvre plurielle d’Agnès Varda, le Palais Idéal accueille jusqu’au 3 avril 2022 le deuxième volet qui s’intitule « Architextures et perspectives ».
Agnès Varda à Hauterives
Situé dans la commune de Hauterives, le Palais Idéal du Facteur Cheval constitue une référence pour la réalisatrice. En effet, très attachée à ce lieu qu’elle visite pour la première fois en 1956, Agnès Varda donne dans son œuvre cinématographique et documentaire une place privilégiée aux facteurs postiers, qu’elle décrit comme « les complices du destin ». Un lien manifeste entre la cinéaste et cette petite commune de France.
« Vu les liens d’Agnès Varda avec le Palais Idéal, dès le départ, je souhaitais présenter, ici, une exposition d’Agnès Varda. Lors de notre première réunion avec Rosalie Varda et Julia Fabry, nous nous sommes mis d’accord que nous possédions des thématiques claires et différentes, qu’il valait mieux présenter en plusieurs fois. L’idée de la trilogie est née », raconte Fréderic Legros, le directeur du Palais Idéal.
La terrasse du Corbusier. Crédit photo : Succession Varda
Agnès Varda et l’architecture
Intitulée « Architextures et perspectives », l’exposition conçue par Julia Fabry, la collaboratrice de la grande dame, et Frédéric Legros, explore les divers liens tissés par Agnès Varda avec l’architecture. À travers une scénographie menée par une main de maître, des photographies inédites et un montage d’extraits de films mettent en lumière le travail d’Agnès Varda, son sens de la composition, et surtout son intérêt pour les textures ainsi que les matières. Ces dernières soulignant une autre dimension de l’architecture. L’Architexture devient ainsi une signature à part entière autour de laquelle gravite l’exposition.
« J’avais le souhait de présenter dans l’exposition, l’une des cabanes d’Agnès Varda, finalement, nous en avons présentés quatre. Le dernier volet de l’exposition accueillera, quant à lui, une cabane en grandeur nature », souligne Fréderic Legros, qui poursuit : « Je suis très heureux. Tandis que la première exposition, « Correspondances », touchait l’intime, la deuxième était beaucoup moins attendue de la part d’Agnès Varda, il s’agit d’une thématique où l’humain s’efface au profit de lignes de construction. À travers ces deux expositions, nous avons pu montrer plusieurs visages de l’artiste tout en faisant un clin d’œil au Facteur Cheval et à son œuvre ».
Les maquettes d’Agnès Varda
Agnès Varda - Maquette du bateau de La Pointe Courte 2017. Crédit photo : Succession Varda courtesy galerie Nathalie Obadia
À l’instar de véritables œuvres-d’art, les quatre maquettes conçues par Agnès Varda, fabriquées en 2017, balayent une tranche d’histoire, celle où Varda bâtissait des cabanes avec les copies abandonnées de ses films. Le visiteur de l’exposition peut ainsi découvrir la Cabane de l’échec devenue Cabane de cinéma, conçue en 2006 à partir du film « Les Créatures » (1965). Un peu plus loin, la maquette réalisée à partir du film « La Pointe Courte » (1954) et qui prend la forme de la coque de bateau échouée visible dans le film, attire par son esthétisme et ses détails. « La cabane de la Serre du Bonheur » (film datant de 1964) est remplie, quant à elle, de tournesols. Un petit coup de cœur pour la maquette de la tente du film « Sans Toit Ni Loi » (film de 1985) où repose un petit sac à dos.
Quand nous demandons à Fréderic Legros laquelle serait, parmi toutes ces œuvres exposées, sa « pièce préférée », il nous raconte tout d’abord, l’émotion ressentie lors de la réception et du déballage des cabanes. « La cabane du Cinéma, qui pourtant ressemble à un simple hangar, avait une telle manière de capter la lumière, qu’on était émus. Surtout quand, en arrière-plan, on voyait défiler le film où Agnès disait « quand je suis là, j’ai l’impression d’être au cinéma », dans cette exposition, je dirais que, les cabanes sont mes pièces préférées ».
Agnès Varda - Autoportrait, église de Fossé (Ardennes) 1955. Crédit photo : Succession Varda
Quelque chose de Varda
L’exposition nous réserve d’autres surprises de taille, en dévoilant les commandes photographiques de Varda dans diverses cités de France puis d’autres images réalisées au Portugal, en Italie, à Los Angeles, ou même au Palais idéal. Ces clichés inédits montrent l’attachement de l’artiste pour les créateurs singuliers, un peu comme le Facteur Cheval. Les photos exposées ont toutes une histoire, des sculptures extravagantes des jardins de Bomarzo en Italie aux Watts Towers réalisées par Simon Rodia, en passant par La Terrasse du Corbusier à Marseille, ou encore les Sculptures Jeux de Pierre Székely à Clamart, sans oublier le Palais Idéal, tous ces lieux avec lesquels Agnès Varda a tissé des liens, certains par ses photos, d’autres par sa présence, ces lieux qui garderont toujours un quelque chose de Varda.
L’exposition « Architextures et Perspectives » est à visiter jusqu’au 3 avril 2022 au Palais Idéal du Facteur Cheval.
Sipane Hoh
Photo de une : ©Origins Studio - Palais Idéal du Facteur Cheval