A Toulouse, la nouvelle UFR de Psychologie conserve l'esprit Candilis, les défauts en moins
Dans le bâtiment Philippe Malrieu, qui abrite l'UFR de Psychologie de l'Université Jean-Jaurès, quelques ouvriers s'affairent encore pour ajuster les derniers détails. Tout doit être prêt pour accueillir les 3 000 étudiants et membres du personnel le 2 mai prochain, dans les 8 000 m2 réhabilités.
« Ça n'a pas été un projet facile, reconnaît d'emblée l'architecte Vincent Espagno, car c'est un bâtiment des années 60-70 marqué par l'esprit de Candilis, une référence mondialement connue en termes d'architecture. Fallait-il faire table rase du passé et repartir à zéro ou reconstruire de la même manière, pour ne rien dénaturer ?»
Face à ce dilemme, l'agence Espagno&Milani opte plutôt pour le pragmatisme : conserver les qualités du bâti sans subir ses défauts.
« Le projet, très horizontal, est marquée par une trame carrée en 6x6 avec une structure béton/acier très moderne », précise l'architecte Vincent Espagno. Le bâtiment à taille humaine, sans grande emphase, a été conservé dans ses grandes lignes. Mais il comprenait de gros défauts de structure interne et des malfaçons, notamment des problèmes d'étanchéité. De plus, le principe de galeries pour irriguer le système donnait à l'espace un caractère anxiogène et confus ».
Le bâtiment a donc été restructuré en fonction des usages, pour donner plus de lisibilité à l'ensemble. « Nous avons conservé l'emprise des patios existants, et cette proximité du dedans avec le dehors qui offrent une belle transparence visuelle », détaille l'architecte.
Un meuble rouge serpente dans la rue intérieure
La rue intérieure, couverte et chauffée, au rez-de-chaussée, signe véritablement l'identité architecturale du lieu et offre un point de repère aux usagers grâce à un meuble fonctionnel rouge, et de larges baies vitrées.
Les châssis tramés en 6 mètres avec entraxes de 1,50 mètre s'intègrent dans ce meuble de 8 mètres de long, qui sert tantôt d'habillage mural pour les réseaux de soufflerie, tantôt de banc d'assise, de bar pour la cafétéria, d'encadrement des supports signalétiques...
Deux capotages en aluminium sont appliqués sur les châssis : blanc dans la partie haute du meuble filant et rouge pour le reste de la structure afin de donner une cohérence à ce lieu de passage.
Deux atriums pour le centre de ressources documentaires
Cet axe de circulation majeur conduit le visiteur vers le centre de ressources documentaires de 1 500 m2, une superficie multipliée par 4 depuis sa rénovation. Percé de deux atriums centraux de 6,4 mètres de hauteur, le lieu profite ainsi au quotidien d'un apport de lumière naturelle.
Les menuiseries et les vitrages ont été réalisés sur-mesure pour répondre aux contraintes du bâti. « Il fallait respecter la géométrie de l'architecture en termes de tramage et de gestion des cadres », explique Jérémie Doucy, Directeur de travaux de l'entreprise Sylvea Menuiserie qui a fait appel à Promat « pour leur souplesse et l'adaptation de leurs produits ».
« Nous avons proposé la solution Promat SystemGlas F1, composée de verres trempés et d'un gel thermoréactif, qui assure à la fois une protection au feu EI 60, une isolation acoustique de 45 dB et joue aussi le rôle de garde-corps », complète Pierre Vanvincq, ingénieur d'affaires chez Promat.
Pour ne pas surcharger le plancher en béton, une grue avec palonnier à ventouses a été nécessaire afin de poser les surfaces vitrées avec précision.
Une version revisitée de Candilis
Montées bord à bord, verticalement, ces parois translucides créent des perspectives infinies grâce à un système de joints collés étanches en silicone de 5 mm. Ces joints, masqués par des bandes sérigraphiées noires, permettent de supprimer les montants. « Les menuiseries vitrées révélent ainsi la charpente métallique de Candilis, sans entrer en conflit avec elle », précise Pierre Vanvincq.
La partie haute des châssis vitrés repose enfin sur une poutre métallique avec encoffrement, afin de garantir la résistance au feu de l'ensemble de la structure.
Une attention particulière a été portée également au confort thermique. Les espaces collectifs, situés au sud, bénéficient de brise-soleils. Les bureaux et salles de cours situés à l'ouest comportent des stores réglables par les occupants.
Suite à sa rénovation, le bâtiment comprend au total 60 salles de cours, des bureaux pour les enseignants et le personnel administratif, un foyer pour les étudiants, un Centre de documentation, un amphithéâtre de 120 places et une cafétéria.
L'agence d'architecture Espagno&Milani livre ainsi une version revisitée de l'esprit Candilis. Le patrimoine est mis en valeur par le respect d'une architecture orthogonale et compacte, d'une hauteur liimitée et par la valorisation des patios.
L'opération de restructuration du campus a bénéficié du soutien de l'Etat dans le cadre de trois Contrats Plan Etat-Région successifs, à hauteur de 150 millions d'euros en tout. Un budget de 35,7 millions d'euros a été consacré à la restructuration de l'UFR de Psychologie.
Claire Thibault
© C.T