À Paris, Biecher Architectes réalise un projet élégant
Un programme complexe
Le programme est aussi complexe que dense. Il s’agit de la réhabilitation et de l’extension d’un hôtel particulier en ensemble mixte à usage de bureaux et de logements, le tout comprenant quatre niveaux de bureaux, quatre niveaux de logements ainsi que des terrasses et jardins accessibles. Une opération conséquente située dans le chic quartier de la Plaine-Monceau.
L’architecte nous raconte que le 152 Wagram est situé dans la partie de l’avenue de Wagram qui a été prolongée par Haussmann en 1864. L’hôtel particulier était au moment de son achèvement, en 1892, l’habitation familiale de son architecte, Prosper Bobin, qui a été vendu par les filles de l’architecte en 1925, pour accueillir l’école du Génie Civil. En 1966, l’ensemble a été racheté par la MGEN, qui y établit un centre de santé, après avoir accompli plusieurs travaux d’agrandissements. Notons par ailleurs que la façade donnant sur l’avenue n’a jamais été modifiée depuis la construction.
Les terrasses végétalisées. Crédit photo : Luc Boegly
La nature, toujours présente
À la suite d’un concours qui avait pour but la rénovation et l’extension de l’immeuble, l’agence Biecher Architectes a été retenue pour mener à bien les travaux. La maîtrise d’ouvrage prévoyait, dès le départ, une programmation mixte, composée de bureaux et de logements. Tandis que le rez-de-chaussée est composé des locaux ouverts sur la rue qui accueillent de nouveaux usages, un niveau à usage de bureaux est aménagé derrière la façade de l’ancien hôtel particulier. À cela s’ajoutent quatre étages de logements, positionnés légèrement en retrait de la façade. Soulignons que dans son geste, l’architecte a octroyé une grande importance à la lumière naturelle, qui éclaire tous les locaux, jusqu’aux paliers d’étage.
La nature n’est jamais loin de la conception, bien au contraire, elle en fait partie. En effet, le projet est doté d’un agréable jardin en pleine terre et des terrasses jardin disposées du côté du cœur d’îlot. Il s’agit de petites interventions qui renforcent la biodiversité au sein de l’ouvrage. Concernant les modes constructifs, ils sont issus de la filière sèche, et leur application a aidé d’une part à réduire les nuisances du chantier, et d’autre part à améliorer le bilan carbone de l’opération. Notons par ailleurs que la bâtisse qui comprend les logements est constituée d’une structure poteau-poutre en bois, de planchers en béton préfabriqués, de façades à ossature bois et de menuiseries en bois.
Un exemple de logement. Crédit photo : Luc Boegly
La réhabilitation au lieu de la démolition
Et puisqu’aujourd’hui, la conception des immeubles questionne toujours le devenir du lieu à l’avenir, l’architecte a opté pour des plateaux flexibles, qui facilitent tout changement de destination future. L’ensemble qui a reçu la certification NF HQE™, est économe en énergie et en émissions de gaz à effet de serre. Pour atteindre ce haut niveau de durabilité, l’architecte a eu recours à plusieurs procédés, dont le réemploi de l’immeuble existant à la place de sa démolition-reconstruction, l’utilisation de l’isolation, et les protections solaires les plus appropriées, ainsi que des logements traversants. De même, dans cette opération a été privilégiée la ventilation plutôt que la climatisation ainsi que la mise en place du chauffage urbain et des panneaux photovoltaïques. Un condensé de qualités pour un résultat irréprochable.
Légèreté, souplesse et durabilité, sans oublier la fonctionnalité et le confort des usagers sont donc les principales caractéristiques d’une architecture bienveillante qui met l’humain au cœur même de ses intentions. Dans l’un des cadres historiques typiques de la capitale française, l’architecte Christian Biecher a réalisé un ensemble gracieux qui a su adopter l’existant tout en regardant vers le futur.
Sipane Hoh
Photo de une : ©Luc Boegly