Volets, stores, portes… Le dernier bilan du groupement Actibaie
Si, d’après l’Union des fabricants de menuiserie (UFME), le marché de la fenêtre devrait bien se porter 2022, par « la constante expansion de la rénovation chez les particuliers », quel bilan actuel peut-on tirer des filières stores, volets, portes automatiques ainsi que des portes et portails ? C’est l’objet d’un bilan réalisé début janvier et présenté ce mercredi 29 mars par le groupement Actibaie, qui représente au sein de la FFB les différentes spécialités.
Premier chiffre : la fabrication de ces produits de baie-menuiserie a généré 3,1 milliards d’euros de chiffres d’affaires, l’année dernière.
Les volets dominent les parts de marché
Avec 1,76 milliard de chiffres d’affaires, les industries des volets supplantent les autres catégories de produits.
En volume, les volets roulants concentrent les plus grosses parts de marchés (4,5 millions unités vendues) en 2021. Les volets battants et coulissant sont en deuxième place (1,2 millions), devant les persiennes (200 000).
Le chiffre d’affaires continue de progresser, et peut s’apparenter à une suite logique d’une explosion de l’activité post-pandémie, nourrie par l’épargne et l’envie de rénovation chez les Français. Il y a cependant des « nuances à apporter, puisqu’on a atteint en termes de volumes une stagnation », relève Hervé Lamy. Mais surtout, les chiffres en valeur « augmentent avec l’inflation générale », souligne le délégué général d’Actibaie. Et ce qu’il s’agisse des prix des énergies ou des matériaux nécessaires à la production.
Par exemple, on note les tensions d’approvisionnement en aluminium - sur fond de guerre en Ukraine -, ou bien sur les composants électroniques essentiels à l’automatisation des volets roulants. Des industriels ont dû se reporter sur des composants de substitution, entrainant des effets de bord et des rappels sur les produits.
Autre catalyseur : les sécheresses. « Plus il fait chaud, plus nos produits ont du sens », complète Pascal Cros. Le chef du groupe Volet d’Actibaie évoque aussi la RE2020, plus en tant que « perspective » réglementaire, « qu’une réalité ».
Près de 800 millions de CA sur la production des stores
La même tendance d'augmentation du chiffre d’affaires et de stagnation des volumes s’observe sur le marché des stores, qui occupent la deuxième place en chiffre d’affaires parmi les produits des fabricants d’Actibaie. Leur bilan s’élève à 783 millions d’euros, divisé entre les stores extérieurs et intérieurs.
Côté stores extérieurs, le marché en volume de 2021 était occupé à 50 % par les stores à enroulement, suivi des stores bannes (27 %). En 2022, le chiffre d’affaires dans la fabrication des stores s’élève à 663 millions d’euros, soit +7 % par rapport à 2021.
Avec 165 000 ventes en 2021 (20 %), les stores vénitiens BSO ont connu « une croissance très très forte, ce qui fait que tous les acteurs se sont équipés de BSO, soit en les fabricant, soit en les revendant. Et puis au moment où tout le monde s’est équipé, on est revenus sur un marché relativement plat. Là, il a l’air de repartir. En tout cas, il devrait être boosté par la RE2020, puisque tout l’arche méditerranéen correspond à une région qui est identifiéecomme étant une région dans laquelle on a besoin de se protéger du soleil », développe Pascal Cros. Il ajoute : « le BSO laisse passer le jour sur les côtés et surtout l’air, cela permet de faire une fonction de ventilation, dont on a besoin dans le Sud, tant qu’on est pas dans une zone très bruyante ».
« L’une des difficultés qu’on a sur ces produits et qu’on a pas vraiment l’habitude d’utiliser en France, c’est la résistance au vent. On vient de finir des essais en soufflerie, qui ont été faits sur différentes typologies de produits de BSO de différents designs et fabricants, là aussi pour faire des tests génériques et expliquer aux donneurs d’ordres et architectes quels sont les produits à utiliser selon les zones de vent, etc. On est monté jusqu’à 195 km/h et les stores ont tenu », poursuit Hervé Lamy.
Le poste stores intérieurs régresse quant à lui en valeur (-1 %) en 2022, avec une majeure part de ventes revenant aux stores vénitiens (58 %) pour un total de 420 000 unités vendues. Les stores intérieurs à roulement sont en seconde place avec 31 % des ventes la même année. « La tendance est baissière puisque les stores intérieurs sont sur-mesure, le marché c’est quand même le bureau. Et le bureau a beaucoup souffert ces dernières années », décrypte Hervé Lamy. « Plus il y a de télétravail, moins il y a de bureaux », commente à son tour Pascal Cros.
Les portes automatiques piétonnes font la part belle à l’accessibilité du bâtiment
Les portes automatiques piétonnes enregistrent une hausse de leur CA à 120 millions d’euros la même année (+11 %). Dénombrant 23 516 unités vendues en 2022, les portes coulissantes dépassent de loin les portes battantes et tournantes, englobant plus précisément 81 % des ventes, contre respectivement 19 % et 0,3 %.
« Ce qui a porté le marché des portes automatiques piétonnes ces dernières années, c'est vraiment les problématiques d’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite, les personnes âgées », souligne Hervé Lamy. Le délégué général d’Actibaie évoque également une dynamisme lié à la pandémie, « puisqu’une porte qui s’ouvre toute seule devant vous, cela évite de propager les virus. Il y a eu un effet quand même de ce qu’on appelle "le sans-contact" dans ce cadre-là ».
Le décret du 5 octobre 2022, qui impose la fermeture automatique dans les commerces, des bureaux et locaux refroidis ou chauffés, dans un contexte de crise énergétique, devrait favoriser le marché des portes automatiques piétonnes. De quoi conforter le positionnement du groupement Actibaie sur l’ensemble de ces enjeux, alerté à la fois par la dernière synthèse du rapport du GIEC et le vieillissement de la population.
Les portes de garage et portails en mutation dans l’industriel
À l’échelle des portes et portails, les portes de garage (41 %) et portails (46 %) - associés au résidentiel - se disputaient les ventes en 2021. Entre 2021 et 2022, l’ensemble des marchés évolue de +14 % en volume. « On peut faire un parallèle entre les portes de garage et les portails, donc la partie résidentielle, avec ce qui s’est passé sur les volets : des ménages qui ont épargné durant la période Covid, qui ont équipé leur logement », soulève Hervé Lamy.
« Mais en termes de chiffre d’affaires, on a une valeur ajoutée un peu plus faible par rapport à l’autre famille, qui est la famille industrielle. On va retrouver les portes sectionnelles, es grilles et rideaux, les portes rapides... », nuance de le délégué général d’Actibaie. Il faut dire que la partie logistique se développe fortement et s’aligne avec une culture de l’abondance et de la livraison express, promues par des mastodontes tels qu’Amazon.
« Dans une plateforme logistique de 200 000 m2, vous avez quelque chose qui doit aller dans un camion demain matin à 9h. Et bien vous avez tout un tas de systèmes automatiques, programmés plus ou moins de manière sophistiquée, de manière à ce qu’un composant arrive à la bonne place dans la chaîne de chargement du camion », nous expose Yannick Michon, président d’Actibaie. Or sur une rangée de vingt quais de chargement, les conséquences sur les fermetures ne sont plus les mêmes. « Aujourd’hui quand cela tombe en panne, c’est une catastrophe », détaille-t-il.
Panne liée à une usure continuelle des systèmes automatiques des fermetures, pouvant impacter la performance des quais de chargement. « Aujourd’hui le produit disparait au profit du service », constate Yannick Michon. La maintenance préventive est donc de plus en plus encouragée, ce qui valorise des professions au sein d’Actibaie. Mais il n’empêche que le groupement déplore des pénuries de mains d’oeuvre, en plus de celles des matériaux.
Une tension rehaussée par les hausses des prix sur les matières premières, qui affolent les trésoreries des entreprises et professionnels de la pose. Un sujet auquel Actibaie consacrera une prochaine conjoncture.
Virginie Kroun
Photo de Une : V.K