Le groupe Veolia, référence mondiale des services de la gestion d’énergie, a annoncé mardi vouloir relancer son activité Eau en France, gravement à la peine ces dernières années. Le groupe vise à doubler sa rentabilité opérationnelle. Les syndicats, à qui le projet d’entreprise a été présenté, on néanmoins manifestés leurs inquiétudes.
C’est plein d’ambitions que Veolia a présenté mardi 30 mai son projet d’entreprise, à l’issue d’un CCE (Comité Central d’Entreprise).
« Nous osons faire le pari de la relance », a expliqué Frédéric Van Heems, directeur général de Veolia Eau France. Le groupe vise en effet un chiffre d’affaires « d'au moins » 3 milliards d'euros d'ici 2020, contre 2,9 milliards d'euros en 2016, et ce, tout en doublant sa profitabilité opérationnelle.
« Nous ne voulons pas faire de course au chiffre d'affaires, ce qui compte c'est de retrouver nos marges », a argumenté M. Van Heems, arrivé à la tête de Veolia Eau France en début d'année.
Veolia a subi ces dernières années la tendance récente au retour à la gestion de l’eau en régie par de nombreuses collectivités et, alors que la concurrence de plus en plus féroce et la faible inflation impactaient négativement ses marges. Après quelques années à faire le dos rond, Veolia compte repasser à l’offensive et s’adapter à ce nouveau contexte.
« Ces dernières années, nous avions peut-être été en mode trop défensif, concentrés pour limiter la baisse de nos marges [...] mais la relance est possible, de nombreuses opportunités le permettent », a assuré M. Van Heems, qui a passé les derniers mois à faire le tour des sites du groupe.
Une réorganisation qui inquiète les syndicats
Veolia compte réorganiser complètement ses équipes, qui comptent plus de 12 000 personnes, en les répartissant dans 9 régions divisées en 67 territoires, dans une optique de décentralisation des fonctions. Ce nouveau découpage est prévu pour le 1er janvier 2018, et vise également à s’adapter à la réforme territoriale de 2015.
Veolia veut aussi accentuer le passage au numérique, en cours dans le secteur, et promouvoir de nouveaux modèles de délégation de la gestion de l'eau aux opérateurs privés pour répondre aux demandes de transparence de ses clients, a expliqué M. Van Heems.
Une nouvelle qui n’a pas ravi l'intersyndicale CGT, CFE-CGC, FO et Unsa, pour qui c'est un « nouveau suspense insoutenable qui attend les salariés de l'Eau France », après plusieurs réorganisations depuis 2009.
Dans un tract, ces syndicats soulignent qu'ils « redoutent l'impact social et de nouvelles suppressions d'emplois ». Le groupe a déjà encaissé trois plans de départs volontaires en trois ans, qui ont diminué les effectifs de 3000 personnes.
La direction « transforme les organisations, redécoupe les périmètres d'activités, redistribue les tâches, réoriente les compétences des salariés et repense les organigrammes », ce qui entraîne une « forte dégradation des conditions de travail » des salariés, déplore l'intersyndicale.
Le volet social sera présenté aux syndicats le 20 juin prochain lors d'un autre CCE extraordinaire. Autant dire qu’il sera très attendu…
F.T