Un quart des sinistres du BTP causés par les incendies et explosions (étude)
Pour Yann Dreyer, practice group leader mondial pour la construction dans l’équipe mondiale Énergie et Construction d’Allianz Global Corporate & Specialty (AGCS), la crise sanitaire transporte le secteur de la construction dans une « nouvelle ère ».
Une ère faite de transformations, portées notamment sur l’environnement et la technologie, qui ne sont pas à l’abri des risques. « La surveillance continue des risques et les contrôles de gestion seront essentiels à l’avenir », appuie-t-il.
C’est dans l’idée de décrypter ces futurs risques conjoncturels que l’entité d’Allianz, spécialisée dans l'assurance des grands risques industriels, publie une étude. Le rapport d’AGCS passe en revue les demandes d’indemnisation en assurance de construction et risques de ces cinq dernières années. Au total : 30 000 sinistres industriels s'étant déroulés entre 2016 et fin 2020, et représentant un montant de 11 milliards d’euros, ont été étudiés.
Des causes de sinistres qui se produisent souvent en série…
Trois grandes causes de sinistres ont été définies selon leur montant : les incendies et explosions (26 %), les défauts de conception et de fabrication (20 %) ainsi que les catastrophes naturelles (20 %). Ces derniers peuvent se manifester en série, selon les récentes évolutions de la construction.
Exemple le plus parlant : l’éolien, notamment celui en mer « vital pour la massification des énergies renouvelables » selon la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili. Les câbles de sous-marin, d’un poids de plusieurs milliers de tonnes, peuvent coûter jusqu’à 1,5 milliards de dollars de réparation, soit l’équivalent d’une plateforme pétrolière. Un incendie ou une explosion dans un convertisseur peut gangrener également tout un programme éolien.
Les objectifs de décarbonation de la construction, qui donnent lieu en France à plusieurs mesures législatives (relance de la construction durable, loi Climat & Résilience, RE2020, REP bâtiment...) représentent aussi un défi. Les matériaux alternatifs, comme les matériaux biosourcés, devraient s’implanter dans des délais relativement courts. « Cette évolution entraînera une augmentation des risques de défaut et pourrait avoir des effets inattendus sur le plan de la sécurité, de l’environnement et de la santé », s’inquiète ACGS, qui craint notamment l'augmentation des risques d’incendie, en particulier dans la construction bois.
La construction modulaire, le salut des sinistres ?
Sur le papier, la construction modulaire ou hors-site présente de nombreux atouts : contrôle de qualité, réduction par deux des délais, voire des déchets de fabrication… La fabrication hors-site et l’automatisation globale de l’approvisionnement devraient aussi être stimulés par la pénurie de main d’oeuvre.
Pourtant, actuellement, le procédé ne serait pas encore très bien maîtrisé selon une récente étude réalisée par Batimat. Olivier Daussin, responsable de la souscription construction dans l’équipe mondiale Énergie et Construction d’AGCS estime de son côté que « les méthodes de construction modulaire et préfabriquée présentent un risque accru de sinistres en série. En effet, la même pièce peut être utilisée dans plusieurs projets avant qu’un défaut ne soit détecté », précise-t-il.
Les entreprises d’ingénierie de la construction devront également se prémunir contre les cyber attaques, allant de l’accès à des données sensibles au piratage du système du contrôle du site, et donc au vol. Des tentatives malveillantes pouvant paralyser la chaîne d’approvisionnement ou corrompre la qualité des produits.
Virginie Kroun
Photo de une : Adobe Stock