R2S Résidentiel fait du logement collectif une plateforme de services
Le label R2S, développé en partenariat par la Smart Buildings Alliance (SBA), l’Alliance HQE-GBC et Certivéa, propose de valoriser l’engagement des acteurs de la filière construction en matière de bâtiment connecté et communicant. Le référentiel associé au label guide les professionnels afin qu’ils mettent en place des démarches concrètes pour faire des bâtiments « une plateforme de services » pouvant apporter confort, performance environnementale et sécurité. Concrètement, R2S est « le socle de base » pour déployer des services. Il a été conçu « pour apporter d’autres services » et être « un vecteur de transition énergétique ».
Lors d’un échange, Patrick Nossent, président de Certivéa, nous expliquait : « L’idée du cadre de référence R2S, c’est qu’il puisse accueillir n’importe quel service (…). Il s’agit de réconcilier le numérique avec de vrais services » et de créer de la valeur.
S’il ne s’appliquait qu’au tertiaire, le référentiel vient d’évoluer pour bénéficier au résidentiel. Emmanuel François, président de la SBA, détaille : « Il y a un an, nous avons lancé R2S tertiaire qui est très exigeant, très technique. Nous nous sommes rendu compte rapidement que ces niveaux de complexité n’étaient pas adaptés au logement collectif résidentiel. Nous sommes donc allés vers une simplification de notre approche en partant des usages et des services aux usagers ». L’objectif est là encore de faire du logement résidentiel collectif connecté « une plateforme de services » capable de répondre « à des niveaux d’exigence des usages ». Il cite notamment, les services à la personne, la sécurité, le confort, le bien-être, la mobilité ou encore la gestion de l’énergie.
Le nouveau cadre de référence se veut « plus simple ». « On vient en rupture par rapport à ce qu’on pensait jusqu’à maintenant ». Il explique en effet que le logement connecté n’est pas seulement l’installation d’une box domotique avec une application qui va permettre de piloter volets roulants, éclairage, chauffage ou détecter les fuites d’eau, les intrusions. L’idée est de penser le logement collectif connecté comme « une infrastructure numérique », une infrastructure qui appartient au bâtiment et non pas aux résidents.
La SBA explique le concept via l’illustration suivante. On y voit en vert, le système domotique des occupants et en bleu, le réseau smart « immobilier ». « C’est comme le compteur d’eau et de gaz. Ce bien appartient à la collectivité, et ensuite nous allons pouvoir y ajouter des applications logiciels pour piloter et rendre des services. Et le premier service, parce qu’il est universel, c’est l’énergie ».
Emmanuel François précise ainsi : « L’objectif, c’est de se dire, cette infrastructure en bleu n’existe pas à ce jour. Elle est nécessaire pour apporter plein d’efficience, plein d’externalités positives au bâtiment, notamment l’assistance aux personnes dépendantes, notamment la sécurité, le partage des espaces, la gestion des serrures connectées, la logistique, etc. Mais on ne pourra le faire que si cette infrastructure existe et que tous ces services viennent se greffer dessus ». Il résume : « Le bâtiment se transforme du vieux téléphone filaire au smartphone, et peu à peu on va pouvoir y intégrer des applications qui vont délivrer des services ».
Un investissement nécessaire pour une ville durable
Anticiper les usages futurs et l’intégration de nouveaux services a bien sûr un coût. « Nous l’avons chiffré entre 250 et 300 € par logement ». Facturer 250 euros tout de suite pourrait faire grincer des dents les occupants. « Mais si on linéarise sur 5 ou 10 ans, c’est l’épaisseur d’un trait dans les charges », avance Emmanuel François. « Il faut que nous trouvions les solutions financières pour le faire », poursuit-il assurant que des acteurs financiers sont déjà intéressés. « A partir du moment où c’est un cadre de confiance numérique. A partir du moment on l’on sait que c’est durable, viable et fiable, dans ces cas-là, nous sommes tous prêts à investir dans cette infrastructure numérique ».
« Mon objectif c’est de dire, n’attendons pas 5 ans, n’attendons pas 10 ans, car les enjeux sont là ». Et si la rénovation énergétique des bâtiments est au cœur des politiques, il insiste : « Nous ne pourrons faire cela que si l’on amène aussi le numérique. L’enjeu aujourd’hui c’est de mener concomitamment la transition environnementale du bâtiment avec sa transition numérique, et de s’appuyer sur l’énergie comme premier vecteur pour tirer le numérique dans le bâtiment et déployer ensuite à coût marginal d’autres services. Un des services, c’est l’assistance aux personnes dépendantes, parce que ça va toucher 25% de la population dans quelques temps ».
Nombreux sont les promoteurs et bailleurs à avoir lancé des programmes de logements connectés en s’appuyant sur R2S. « Il y a du monde. (Le référentiel) est un cadre de confiance qui fera que demain, le particulier sera confiant dans les solutions déployées, et confiants dans les données et leur exploitation ». « Tout ce qu’on écrit ici, c’est que les données restent à l’échelle du bâtiment, elles ne vont pas dans un cloud. Les données sont en EDGE, et ce n’est pas uniquement pour des raisons de consommations énergétiques, c’est également pour des raisons de confidentialité et de sécurité informatique ».
Le référentiel « gratuit et accessible » à tous va être testé via un appel à candidatures. En parallèle, un observatoire va être mis en place pour « s’assurer que les résultats sont à la hauteur de nos attentes ». « Nous allons sans doute l’améliorer avec les démonstrateurs ». « En même temps, c’est commencer à inciter tous les acteurs sur l’intérêt que ça a, d’avoir un logement connecté R2S, à commencer par les banques, les assureurs, les énergéticiens, pour qu’aussitôt, ils commencent à adapter leur tarification ».
« Ce n’est pas normal qu’un logement non connecté ait la même tarification ou la même prime d’assurance qu’un logement connecté qui va permettre, en cas de pic de consommation de faire de l’effacement, et donc qui va permettre à l’énergéticien de se replier et donc de pouvoir appréhender positivement ces pics de consommation », conclut-il.
Propos recueillis par Rose Colombel
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