Présidentielle 2017 : la question du travail détaché enfin abordée !
Et malgré les propositions de nombreux organismes (la Fédération Française du Bâtiment, la Filière Béton ou la Confédération nationale du logement), les onze concurrents se faisaient plutôt discrets sur les sujets relatifs au secteur de la construction. Jusqu’à hier soir tout du moins, où la thématique ô combien polémique du travail détaché a – enfin – été abordée.
Dupont-Aignon contre Macron, Mélenchon accuse Le Pen
Et c’est Nicolas Dupont-Aignon, interrogé sur son programme concernant la création d’emplois en France, qui a lancé les hostilités. « Je veux supprimer la concurrence déloyale. Du premier jour de mon élection, je supprimerai la directive travailleurs détachés », indique le candidat de Debout la France.« C’est inacceptable que des personnes viennent de Roumanie, de Pologne, d’Espagne, et ne paient pas les charges sociales quand nos artisans, nos indépendants les paient », poursuit-il, avant de s’adresser à ses concurrents : « Aucun d’entre vous n’a osé supprimer cette directive, vous l’avez même signée. »
Des déclarations acérées qui ont offert aux téléspectateurs ‘’un grand moment de télévision’’ ! Soutenant les propos de Nicolas Dupont-Aignan, Jean-Luc Mélenchon s’attaque à sa grande rivale Marine Le Pen, rappelant qu’elle s’est abstenue de voter ce texte au Parlement européen. « Il fallait voter contre ! », assène-t-il.
« Non, Monsieur Mélenchon, nous n’avons évidemment pas voté la directive détachement », réplique la principale intéressée. « Moi je me moque de la fraude, je ne veux pas de cette directive détachement ! Même si on respecte la loi, je la trouve profondément injuste pour les travailleurs parce qu’elle crée une priorité étrangère à l’emploi. »
Se voyant proposé un droit de réponse aux accusations de Nicolas Dupont-Aignon, Emmanuel Macron a également tenu à intervenir sur la question du travail détaché, arguant que « près de 300 000 Français » sont considérés par cette problématique. « Le problème, c’est le travail détaché illégal, quand on contourne la loi et qu’on ne la respecte pas », déclare-t-il, s’attirant les foudres de Jean-Luc Mélenchon.
« Quand j’étais ministre, j’ai fait voter une loi qui a permis, justement, de contrôler cela en mettant des cartes d’identité dans le BTP », rappelle le candidat d’En Marche !. Un dispositif qui ne fonctionne pas, selon Nicolas Dupont-Aignan. Faux, d’après Emmanuel Macron, qui reconnaît malgré tout que cette méthode de contrôle, bien qu’« en train de se développer », est encore « insuffisante ».
Fabien Carré
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