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Pour ceux qui ont encore des 'Eurotunnel' !

Publié le 01 juin 2006

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Eurotunnel a arraché à ses principaux créanciers une réduction de plus de moitié de sa gigantesque dette de 9 milliards d'euros, ce qui sauve le groupe franco-britannique de la faillite, mais seulement à condition que ses petits actionnaires avalisent ce plan à la mi-juillet.
"C'est le plan de la dernière chance", a martelé mercredi le PDG Jacques Gounon lors d'une conférence de presse, renvoyant la balle dans le camp des actionnaires qui se réuniront le 12 juillet en assemblée générale. Si Eurotunnel n'obtient pas une majorité simple en faveur du plan de restructuration, "dès le lendemain je demanderai la protection de la justice", a-t-il affirmé.

Les petits actionnaires individuels d'Eurotunnel (70% du capital), échaudés par l'effondrement du cours boursier depuis 20 ans, devront accepter le risque d'une dilution du capital, c'est-à-dire une baisse du bénéfice par action.

Le plan présenté mercredi a été négocié entre Eurotunnel et les réassureurs américains MBIA et Ambac, les fonds d'investissement Oak Tree et Franklin, ainsi que la Banque européenne d'investissement (BEI), qui pèsent ensemble un peu plus de la moitié de la dette. Ils ont accepté une réduction de la dette à 4,24 milliards d'euros. Pour soutenir ce programme, Eurotunnel a recruté trois banques: l'américaine Goldman Sachs, l'australienne Macquarie et la britannique Barclays.

Le financement prévoit en particulier l'émission de titres cotés "hybrides", à mi-chemin entre endettement et fonds propres, pour 1,5 milliard d'euros. Au bout de 5 ans, si Eurotunnel s'avère incapable de racheter ces titres, ils seront convertis et la dilution du capital atteindrait alors 87%, un scénario très défavorable aux petits actionnaires.

M. Gounon a cependant jugé "réaliste" le rachat par la société de 40% des titres hybrides, ce qui réduirait cet effet négatif. Il a souligné par ailleurs qu'il n'y aura aucune dilution avant trois ans.

Le PDG d'Eurotunnel "limite la casse, c'est un accord réaliste", a estimé Daniel Bondia, trésorier de l'Association de défense des actionnaires d'Eurotunnel, en appelant à contenir au maximum la dilution. Le plan sera mis en oeuvre par une nouvelle société-mère française, cotée à Paris et Londres. Dans cette holding, l'actuel Eurotunnel nommera 7 administrateurs, tandis que quatre autres sièges seront réservés aux investisseurs.

Les actionnaires actuels pourront rejoindre cette nouvelle société via une Offre publique d'échange à l'automne. L'opération sera validée si au moins 60% des actions existantes sont apportées. La création de la holding pourrait s'accompagner d'un regroupement d'actions, pour sortir Eurotunnel de la catégorie peu enviable des "pennystocks" (les actions ne valant que quelques centimes), a dit Jacques Gounon.

Actuellement suspendu, le titre Eurotunnel vaut 44 centimes d'euros, contre près de 15 euros à son plus haut en 1989. M. Gounon a évoqué un regroupement à raison d'une action pour 40. Le plan risque de faire grincer les dents des porteurs d'obligations d'Eurotunnel, très mal placés dans la hiérarchie des remboursements. L'accord prévoit de leur verser 120 millions d'euros, alors qu'en valeur faciale les obligations représentent 2,7 milliards d'euros.

M. Gounon a toutefois affirmé que la valeur sur le marché de ces titres était très inférieure, et que certains porteurs d'obligations s'étaient remboursés via les intérêts perçus ces dernières années.

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