Pénuries et hausses des prix de matériaux : la FFB présente ses propositions
La Fédération Française du Bâtiment (FFB) organisait sa conférence de presse trimestrielle ce mardi 22 juin. Olivier Salleron, son président, a dressé le bilan de ce début d'année 2021.
Il est dans un premier temps revenu sur les performances du segment « amélioration-entretien », enregistrant +9,9 % au premier trimestre 2021 par rapport à un an plus tôt, mais restant à -2 % comparé à 2019 – « année de référence », selon Olivier Salleron, l'année 2020 ayant été « tronquée » par la crise liée au Covid-19.
Au premier trimestre 2021, le segment de l'amélioration-entretien est notamment tiré vers le haut par la rénovation énergétique des logements, avec 1,1 million de transactions de logements anciens à fin mars 2021, et le succès du dispositf MaPrimeRénov', pour lequel 800 000 dossiers sont attendus d'ici la fin de l'année.
« Encore un déficit d'un million de logements », selon Olivier Salleron
Côté logement neuf, le président de la FFB souligne que les chiffres se redressent, avec +4,2 % pour les mises en chantier et +1 % pour les permis de construire comparé à début 2019.
Dans le détail, l'individuel s'en sort particulièrement bien, avec +4,7 % pour les mises en chantier, et même +15,4 % pour les permis de construire ! Les résultats sont en revanche plus inquiétants pour le collectif, avec -9,4 % pour les mises en chantier, et -10 % pour les permis de construire.
Globalement, la crise du logement persiste, avec « encore un déficit d'un million de logements », selon le président de la FFB. « Avec les chiffres que l'on a, on creuse encore ce déficit. Il va bien falloir construire des logements neufs et pas seulement les rénover. Il va falloir les construire quelque part, et donc trouver des terrains », résume-t-il, faisant référence à la question de l'artificialisation des sols.
Dans ce contexte, la Commission Rebsamen – qui vise à relancer la construction neuve en levant les freins à la délivrance de permis de construire – arrive, selon lui, à point nommé.
« Cela fait 1 an qu'on tire la sonnette d'alarme (…) Aujourd'hui, le Président de la République et le Premier ministre se sont rendu compte que le logement neuf s'écroulait, et que 2020 et 2021 allaient sûrement être les pires années de construction de logements depuis 30 ans », commente-t-il.
Outre le logement neuf, le non-résidentiel neuf reste également en souffrance en ce début d'année 2021, avec -16 % pour les mises en chantier et -21,6 % pour les permis de construire, comparé à deux ans plus tôt.
Du côté de l'emploi, Olivier Salleron a dévoilé des chiffres beaucoup plus positifs, avec environ 50 000 emplois permanents créés depuis un an.
Des menaces pour la rentabilité des entreprises
Concernant les menaces pour la rentabilité des entreprises, le président de la FFB a souligné deux « risques majeurs » : « l'attaque sur la déduction forfaitaire spécifique (DFS) », et les problèmes d'approvisionnement en matériaux.
« Pour rappel, la DFS était menacée en 2019, mais nous avions réussi à limiter la casse. A l'époque, le BTP a absorbé un surcoût de 226 millions d'euros en 2020, loin du milliard d'euros qu'aurait occasionné sa suppression. Aujourd'hui, le gouvernement voudrait supprimer cette DFS, ce serait donc près de 750 millions d'euros supplémentaires à faire supporter aux entreprises, et cela agirait directement sur le salaire net de nos employés », alerte Olivier Salleron.
Côté pénuries, les prix des matériaux continueraient de « s'envoler ». Selon les chiffres de l'Insee datant d'avril 2021, la hausse des prix serait de +25 à +31 % pour les produits en acier, de +30 % pour les produits en PVC, +20 pour les produits en cuivre, et +11,6 % pour ceux en polyuréthane.
Le président de la FFB évoque également le cas du bois de construction, dont le prix aurait parfois été multiplié par deux, voire trois.
Le 15 juin dernier, le gouvernement annonçait trois mesures pour faire face à ces hausses de prix, dont le gel des pénalités de retard pour les marchés de l'Etat. Le président de la FFB a demandé à ce que cette suspension soit étendue à tous les marchés, publics comme privés, et que cela ne se limite pas à une « recommandation », mais que ce soit imposé « par décret ou par ordonnance ».
Autres requêtes : la mise en place de deux crédits d'impôt, mais aussi la prise en charge intégrale du chômage partiel.
La FFB attend désormais de pouvoir faire le point avec le gouvernement, dans le cadre de la clause de revoyure annoncée la semaine dernière.
Claire Lemonnier