Matériaux de construction : l'été a globalement sauvé la mise
Le secteur des matériaux de construction n'a pas échappé à l'impact du confinement et de la crise, avec un effondrement sans précédent de la demande et des volumes de production. Les trois mois de confinement (mars, avril, mai) ont ainsi ramené les volumes annuels de granulats à leurs niveaux de mi-2016, soit le pire bilan historique. Même chose du côté du béton prêt à l'emploi (BPE), dont la progression réalisée depuis fin 2015 a été balayée en seulement huit semaines...
Une reprise en grande trombe
Avec la reprise des chantiers et le déconfinement, les volumes production ont nettement rebondi. Au mois de juin, les volumes de granulats sont ainsi remontés à +15,7 % par rapport au mois de mai, et même de +160 % sur les quatre derniers mois. En juin/juillet/août, les volumes de granulats auraient en effet augmenté de +63,7 % par rapport aux trois mois précédents. Ce rebond a même occasionné une croissance de +4,3 % par rapport à un an plus tôt. A fin août, cette croissance est de +2,4 % par rapport au mois précédent, et même de +6,3 % par rapport à un plus tôt ! Mais malgré cette belle reprise, ces résultats sont à nuancer au regard des huit derniers mois, qui accusent tout de même une chute de -11 %.
Du côté du béton prêt à l'emploi (BPE), la production a augmenté de +18,2 % entre mai et juin. Durant les trois mois d'été, elle est ainsi montée à +88,9 % par rapport au trimestre précédent. Ce rebond est particulièrement marqué au mois d'août, avec +2,5 % par rapport à juillet, et +10,1 % comparé à un an plus tôt. Mais sur les huit premiers mois de l'année 2020, l'activité a toutefois chuté de -16 %.
Variations de la production de matériaux de construction. Source : Unicem
… mais un rebond qui ne permet de rattraper l'impact du confinement
Cette reprise de l'activité ne parviendra pas à combler les pertes enregistrées pendant le confinement, et l'incertitude persiste concernant la demande en matériaux avec la crise économique qui a succédé à la crise sanitaire.
L'Unicem estime ainsi à -11 % la production de BPE sur l'ensemble de l'année 2020, et à -8 % pour les granulats. Après cette chute, le syndicat prévoit une remontée de l'ordre de +4 à +5 % pour l'année 2021, avec des volumes restant toutefois entre 5 et 6 % inférieurs à ceux de 2019.
Dans le cadre des enquêtes menées, les professionnels du bâtiment constatent que leurs carnets de commande restent satisfaisants, mais en partie grâce aux reports de chantiers. Alors que la chute des permis de construire se poursuit - avec moins -24 % ces trois derniers mois comparé aux trois mois précédant la crise (décembre, janvier, février) - les carnets de commandes risquent malheureusement de s'appauvrir à plus long terme.
Autre inquiétude : la crise a en partie fait baisser les revenus des ménages, ce qui a donné lieu à un durcissement des conditions d'octroi de prêts immobiliers, ce qui risque d'impacter par ricochet le secteur du bâtiment.
Parallèlement, les ménages n'ont jamais autant épargné que pendant le confinement, avec 85 milliards d'euros mis de côté en cinq mois. Tout comme les promoteurs, l'Unicem est donc favorable à la prolongation du PTZ et du Pinel, qui « constitueraient un facteur de soutien au retour des projets ».
Claire Lemonnier
Photo de une : Adobe Stock