Le Cap Mail de Jean Nouvel à Rennes pose problème
Fin mars, quatre propriétaires de l'immeuble ont assigné en référé les Ateliers Jean Nouvel, affirmant qu'une "servitude de vue" interdit de construire à moins de 1,90 mètre d'un immeuble existant. Or, le bâtiment en construction jouxte l'ancien de moins de 2 cm. L'avocat des plaignants exige donc la démolition des mètres carrés qui dépassent.
Un dossier qui traîne
La procédure traîne en longueur: après plusieurs reports, les parties ont à nouveau demandé mercredi à la justice un délai de trois à quatre semaines, vraisemblablement pour conclure des négociations. Une nouvelle audience a été fixée au 19 juin devant le tribunal de grande instance de Rennes.
Le futur immeuble comptera 45 appartements de 40 à 300 m2, vendus au prix moyen de 7.500 euros le m2, cher pour la ville. Si les plaignants obtiennent gain de cause, quatre m2 sur quatre niveaux devront être détruits, soit 16 m2 sur un total de 5.300 que comptera le futur immeuble.
Le futur bâtiment, élégant et très aéré, affecte la forme d'un cap ou d'une proue de navire sur cette parcelle restée vide pendant trente ans en plein coeur de la capitale bretonne du fait des complexités du plan local d'urbanisme.
Jean Nouvel avait déjà présenté en 1983 un projet d'immeuble au même endroit avant que le terrain ne soit gelé. Son projet qui a remporté le concours organisé en 2010 par le promoteur Giboire est entièrement différent. "Ca ressemble beaucoup plus à ce que fait Jean Nouvel actuellement", explique Olivier Schmitt, conseiller de l'architecte.
Pris au dépourvu
Selon lui, l'auteur de l'Institut du monde arabe et le promoteur ont été pris totalement au dépourvu par la plainte des propriétaires.
"On a présenté le projet aux voisins quand on a fait la conception du projet, personne ne nous a parlé de cette servitude de vue", assure M. Schmitt, qui souligne que le permis de construire a également été accordé sans que cette question ait été soulevée.
Dès le dépôt du référé, le promoteur a ordonné la suspension des travaux dans les 16 m2 controversés, ce qui n'empêche pas la construction de se poursuivre dans le reste de l'immeuble.
"On est désolés de cette histoire", assure le porte-parole de l'architecte, promettant qu'"on fera tout pour que ça se termine bien dans l'intérêt de tous". "Des solutions techniques existent", ajoute-t-il. Quant au promoteur, il promet qu'il "procèdera si besoin aux rectifications qui pourraient s'imposer", selon Nadège Trari, responsable communication de Giboire.
En attendant, une petite moitié des appartements reste à vendre au Cap Mail, d'après Mme Trari.
LP (AFP)