Le bois modifié thermiquement, un matériau encore méconnu
Encore méconnu en France, le bois modifié thermiquement (BMT) consiste à traiter le bois (le hêtre, le peuplier, l’érable en France) prélevé dans les forêts gérées et certifiés PEFC, à haute température. Le bois se modifie au niveau moléculaire en le chauffant entre 160 et 245 °C à coeur, sous une atmosphère contrôlée, pauvre en oxygène (azote, vapeur d’eau et gaz de combustion). Le bois se transforme et on obtient un nouveau matériau dont la résistance à la dégradation fongique et la stabilité dimensionnelle sont fortement améliorées par rapport à l’essence d’origine. La chaleur transforme les glucoses du bois en Acides, la résine se cristallise, donc la résistance aux insectes et aux champignons est optimum.
Utilisé depuis de nombreuses années dans les pays scandinaves pour la construction de bâtiments tertiaires/collectifs et de maisons individuelles, le bois traité thermiquement se prête bien aussi aux zones humides des saunas et centres de bien-être, des sols de salle de bains, pour les fenêtres, stores et volets, les portes extérieures, les façades de bâtiments, les lambrissages ou les meubles de jardins et pergolas. Le taux d’humidité du bois après traitement est de 4 à 5% (contre 12% pour un bois non chauffé), ce qui apporte au bois BMT une plus grande stabilité dimensionnelle.
Un procédé peu énergivore
D’après des études de l’ADEME, la quantité d’énergie consommée pour produire 1 kg de bois modifié thermiquement est inférieur aux autres matériaux à base de bois. L'énergie consommée (MJ/kg) du bois scié et séché est de 1,5 MJ/kg (indice de référence), pour le bois modifié thermiquement scié et séché l'énergie consommée est comprise entre 3,3 et 3,8 MJ/kg selon l’essence. Pour comparaison, le bilan énergétique d’autres matériaux à base de bois est pour le panneau de particules à 4 MJ/kg et pour le panneau de contreplaqués à 7 MJ/kg. Pour comparaison, celui d’autres matériaux non renouvelables est de 41 MJ/kg pour le PVC extrudé et de 74 MJ/kg pour l'aluminium français moyen. Selon l’ADEME « la consommation d’énergie du procédé n’est donc pas un procédé très énergivores, il se positionne entre du bois massif et des matériaux en bois reconstitués ».
Aujourd’hui, ces produits peuvent trouver leur place dans la plupart des utilisations courantes dévolues au bois, hormis celles dédiées pour des emplois en structure. Des applications dans l’ameublement seraient possibles dans la mesure ou certaines recommandations de mise en œuvre sont suivies. Cependant, le marché réel du bois traité par haute température est, à ce jour en France, encore limité. Un marché potentiel se dessine si l’on examine les produits susceptibles d’être fabriqués en bois traité par haute température et les nombreuses voies de diversification pour ce nouveau matériau.
Bruno Poulard