Le Bloc de terre comprimée de Mayotte reçoit une ATEx du CSTB
« Nous estimons que plus de 20% de la population mahoraise vit dans une construction en blocs de terre comprimée », précise Vincent Lietar, architecte et maître d’ouvrage. De son côté, Dominique Tessier, architecte, souligne : « La latérite est locale, géo-sourcée, renouvelable, recyclable, isolante et son mode de fabrication par malaxage, compression et séchage en font un produit de premier rang pour la réalisation du gros œuvre intégrant les grands paramètres du développement durable ».
Une mobilisation de longue date
Cette ATEx est ainsi « une bonne nouvelle pour tous les acteurs de la terre crue », avance Mustoihi Mari, Président de l’Association Art-Terre. Elle est une façon de reconnaître la pertinence et la performance de cette technique constructive qui répond « si bien aux enjeux spécifiques » de Mayotte.Elle est le résultat d’une démarche amorcée il y a 20 ans. Une première norme sur la fabrication de terre crue comprimée avait vu le jour en 2001 (XP-P13 901). Initialement portés par la Société Immobilière de Mayotte (SIM), les travaux de normalisation, qui avaient débuté en 1998, ont été repris en 2007 par Art-Terre Mayotte. Pour rappel, l'association a été créée pour soutenir, promouvoir la filière terre crue et notamment porter l’instruction du dossier d’ATEx.
La norme expérimentale XP-P13 901 a fait l’objet d’une révision organisée par le Centre Technique de Matériaux Naturels de Construction avec la participation de nombreux professionnels. Elle sera prochainement publiée par l’AFNOR.
Favoriser l’emploi et l’économie mahorais
L’ATEx doit venir dynamiser la filière : dans les années 90, 2,5 millions de blocs étaient produits chaque année. Mayotte comptait alors 17 briqueteries artisanales qui ont participé à la construction de près de 11 000 logements. Si aujourd’hui elles ne sont plus que 5, les acteurs du secteur attendent de l’ATEx qu’elle relance l’activité.Ces dernières années, différents projets ont soutenu l’utilisation de la BTC comme par exemple des logements conçus par la SMI pour qui la brique de terre crue redevient un élément de prescription dans le cadre de sa production sociale ou intermédiaire.
« Avec cette ATEx, le champ s’ouvre à des programmes d’une nouvelle génération », précise un communiqué. A titre d’exemple, le lycée de métiers de Longoni (800 000 BTC). Blaise Tricon, responsable des constructions du Vice rectorat de Mayotte voit dans la technique BTC « un matériau à la pointe de la recherche en matière de développement durable qui correspond au concept de frugalité dans le choix des ressources ».
R.C
Photo de une : Logements Société immobilière de Mayotte - ©Dominique Tessier, Architecte