Le BIM, un véritable challenge organisationnel pour les acteurs de la construction (3/3)
De façon plus générale, c'est toute une frange de la société qu'il faut faire passer au numérique. « Nous avons investi 700 000 euros en R&D ces dernières années pour développer des logiciels et les mettre au service des professionnels du bâtiment, notamment pour le suivi de chantier », précise Michaël Bertini, directeur général de L’Atelier des Compagnons.
Cette entreprise générale du bâtiment qui mise avant tout sur les nouvelles technologies a reçu le 3 juillet dernier le Grand Prix des Entreprises de Croissance dans sa catégorie, notamment pour « sa volonté d'évolution de la filière, concrétisée par le projet Bâtiment numérique ».
« Cet investissement est à la portée des ETI. D'autres métiers ont évolué, il n'y a aucune raison valable pour que le bâtiment soit une exception », assure son directeur général. « Beaucoup d'entreprises vont mal car leur dirigeant refuse de se réinventer et se recroqueville sur leurs acquis, en prétextant une conjoncture mauvaise », ajoute-t-il.
« L'avenir est aussi la transparence et au service. Le client doit pouvoir accéder à l'ensemble des informations qui concernent son bâtiment et pouvoir faire des retours d'expériences », précise Michaël Bertini. Ainsi, dans un secteur en crise où 95 % des entreprises du bâtiment compte moins de dix salariés, miser sur l'offre et proposer de nouvelles méthodes seraient la clé pour s'en sortir.
En revanche, « notre métier n'est pas éditeur de logiciel. C'est pourquoi nous ne commercialisons ni nos logiciels ni nos progiciels que nous développons dans notre laboratoire. Ils sont en « open source », afin que le secteur en profite dans son ensemble et que tous les métiers soient tirés vers le haut», ajoute l'entrepreneur.
Un accès pour tous
Une pensée partagée par la FFB : « il ne suffit pas de mettre une tablette ou un smartphone entre les mains des professionnels pour qu'ils passent au BIM, il faut les accompagner. Nous croyons beaucoup à cette évolution de nos métiers mais ce n'est pas une élite du bâtiment qui sauvera l'activité. Tout le monde doit pouvoir y avoir accès », a déclaré Jacques Chanut à l'occasion de la présentation de la dernière note de conjoncture du bâtiment de la FFB.
« De plus, il faut permettre aux professionnels du bâtiment de conserver leur savoir faire, qui vient de l'expérience, de la « main ». Le BIM ça concerne les entreprises de toutes tailles et de tous les métiers », conclut le président de la FFB.
Le gouvernement a engagé en décembre un vaste plan de transition numérique pour le secteur de la construction avec un budget de 20 millions d'euros. L'objectif est de permettre à la filière de se moderniser pour construire mieux et moins cher. Un portail dédié à la maquette numérique a notamment été créé le 1er juillet dernier, avec de multiples informations à destination des professionnels.
Claire Thibault
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