La reprise dans le bâtiment s’accélère malgré un climat institutionnel menaçant
Autant de constats confirmés ce matin même par la Fédération française du bâtiment (FFB), même si son président Jacques Chanut a tenu à se montrer rassurant quant à l’activité enregistrée ces douze derniers mois.
« De manière globale, on peut dire qu’on a une accélération de la reprise dans notre activité, puisqu’après 8 années de crise puis une inflexion à la hausse en 2016, la croissance de l’activité dans le bâtiment s’est nettement accélérée en 2017 avec une hausse de 4,8% de l’activité et un redressement concomitant de l’emploi », a-t-il fait savoir.
« La croissance se diffuse progressivement sur une large partie du territoire, hors Outre-Mer (…) même s’il y a encore des territoires qui sont en grande souffrance », a ajouté le président de la FFB, précisant néanmoins qu’« il faut remonter à 2006 pour retrouver un taux de croissance aussi élevé ».
Tous les indicateurs dans le vert
Le logement reste, sans grande surprise, le principal vecteur de cette reprise, la production de biens affichant une croissance annuelle de 12,8%. Au total, 410 000 mises en chantier ont été recensées en 2017, « soit un niveau 15% au-dessus de la moyenne 1980-2016 », d’après la Fédération.« Cela a évidemment et heureusement des conséquences sur l’emploi », s’est réjoui Jacques Chanut. « Cette année, enfin, nous avons un solde positif net de création d’emplois : +20 000, qui se répartissent entre + 9 000 dans nos effectifs salariés et + 11 000 dans l’intérim à équivalent temps plein. »
Pour autant, l’organisme note que les entreprises ont de plus en plus de mal à recruter. Par ailleurs, alors que les prix bâtiment n’augmentent que très lentement (contrairement aux coûts dans l’immobilier), les professionnels du secteur peinent à maintenir des marges à un niveau suffisant pour leur permettre de sortir pleinement de la crise.
Nouvelle hausse en 2018, mais…
Et malheureusement, 2018 ne se présente pas – pour l’instant – comme une année rassurante ! Comme l’a souligné la Fédération, l’environnement institutionnel reste particulièrement confus, entre la transformation de l’Impôt sur la fortune (ISF) en Impôt sur la fortune immobilière (IFI) et la non éligibilité des revenus locatifs au Prélèvement forfaitaire unique (PFU).« Il y a toujours des incertitudes dans la loi de finances, qui commencent à nous inquiéter et, pour tout dire, à nous agacer. La dernière en date est cette idée d’un Prêt à taux réduit [pour remplacer le PTZ, ndlr] », a fustigé Jacques Chanut. « Nous voulons simplement rappeler que dans ‘’PTZ’’, le Z veut dire ‘’zéro’’, et que tous ces inventeurs du soir de modifications de la fiscalité du monde du logement devraient se rendre compte de l’instabilité que cela crée, et surtout, me semble-t-il, de l’incohérence qu’il y a à vouloir changer les règles en permanence. »
Dans ce contexte, la FFB prévoit que la nouvelle année marque le « tassement de la croissance », avec une hausse de l’activité bâtiment de +2,4% et 30 000 nouveaux emplois créés. L’organisme se veut cependant optimiste, estimant que la tendance devrait se poursuivre jusqu’à horizon 2020. Le marché, qui pourrait alors avoir atteint son niveau le plus haut, bénéficierait ensuite des chantiers liés aux Jeux Olympiques 2024. Sous réserve de l'apparition de nouvelles réformes d’ici là.
Fabien Carré
Photo de Une : ©FC