Hausses de prix : « Nous avons une courbe historique qui ne fléchit pas », alerte la FFB
La Fédération Française du Bâtiment (FFB) tenait ce 14 juin sa traditionnelle conjoncture trimestrielle. Son président Oliver Salleron a introduit la conférence en commençant par les « bonnes nouvelles », à savoir des carnets de commandes bien remplis sur plus de 7 mois à fin mars 2022, et un nombre de défaillances d’entreprises encore inférieur de 40 % à la moyenne d’avant-crise. « Le séisme de défaillances d’entreprises n’a pas eu lieu, et tant mieux », s’est réjoui Olivier Salleron.
Les créations d’emplois au beau fixe dans le bâtiment
Autre bonne nouvelle du côté de l’emploi, avec 86 600 créations de postes supplémentaires dans le bâtiment depuis le premier confinement, soit +7 %. « C’est un score assez remarquable. Je crois que c’est le meilleur de tous les secteurs confondus », a précisé le président de la FFB. Prochain objectif : « atteindre 150 000 salariés en plus d’ici fin 2023 », ajoute-il.
En tout, le bâtiment dénombre aujourd’hui 1,756 million d’actifs (salariés, indépendants, apprentis et intérimaires). Un nombre « assez extraordinaire », souligne Olivier Salleron.
Miser sur les influenceurs pour attirer les jeunes
Si le BTP peut aujourd’hui se féliciter d’avoir dépassé les 80 000 apprentis, le président de la FFB insiste sur l’importance de continuer à faire la promotion des métiers du bâtiment et d’attirer les jeunes, notamment grâce à l’aide des influenceurs.
« Sur les réseaux sociaux, que ce soit Instagram, TikTok etc. 12 influenceurs ont fait des publicités pour le bâtiment. Quand ce sont des influenceurs de 17 ou 18 ans qui parlent aux jeunes, ça marche mieux, même pour les métiers difficiles, comme le carrelage. Quand Kelly Cruz parle aux jeunes carreleurs et carreleuses, et bien le métier du carrelage et de la faïence devient glamour », a-t-il estimé.
Outre la formation et le recrutement de jeunes, le président de la FFB a également insisté sur les reconversions, soulignant la mise en place d’un représentant BTP dans chaque grande agence Pôle Emploi sur toute la France. « Ça marche bien, il faut le dire », a souligné Olivier Salleron. Ce dernier rappelle également le succès de la dernière opération « 15 000 bâtisseurs » : « Nous avions promis 15 000, et nous avons finalement trouvé 24 000 personnes - jeunes et moins jeunes - dans les quartiers prioritaires de la ville en moins d’un an. Nous les avons formés, et nous leur avons offert des formations et des contrats », précise-t-il.
Des hausses de prix qui se poursuivent
Concernant les mauvaises nouvelles, le président de la FFB a alerté sur la poursuite des hausses de prix des matériaux : « Nous avons une courbe historique qui ne fléchit pas », s’inquiète-t-il. S’appuyant sur les chiffres de l’Insee, il prend l’exemple des produits en acier et aluminium ayant encore augmenté de 27 % entre novembre 2021 et avril 2022, de 20 % pour les tuiles, de 16 % pour le PVC, de 12 % pour la céramique, et de 10 % pour le cuivre.
L’indice BT01 augmente ainsi de 3 % sur le seul premier trimestre 2022, après +5 % sur l’ensemble de l’année 2021.
Dans le détail, le segment de l’amélioration-entretien – comprenant la rénovation énergétique – est au beau fixe, notamment grâce au dynamisme de MaPrimeRénov’. Ainsi, le montant moyen des travaux induits par cette aide est en hausse de 14 % sur les 4 mois premiers mois de l’année 2022, par rapport à un an plus tôt.
Mettre fin à la dégradation et à l’instabilité du marché des CEE
Le président de la FFB déplore en revanche la dégradation du marché des Certificats d’Économies d’Énergie (CEE) : « On dénonce très régulièrement l’instabilité totale du prix de ces CEE et des règles du jeu qui peuvent changer d’un moment à l’autre », souligne-t-il.
« Si nous avons une instabilité dans les mesures, par exemple sur la rénovation énergétique, avec MaPrimeRénov’, dont les facteurs peuvent changer tous les ans, ou les CEE, pour lesquels c’est carrément tous les 3 mois, et bien les entreprises ne pourront pas investir et donc arriver aux objectifs que s’est donnés la France, c’est-à-dire de lutter contre les émissions de gaz à effet de serre », ajoute Olivier Salleron.
Dans le logement neuf, la FFB alerte également sur une probable chute des ventes d’ici fin 2022, après un rebond des permis de construire fin 2021, induit par l’entrée en vigueur de la Réglementation Environnementale 2020 (RE2020). La fédération souligne notamment une baisse de 8 % des permis de construire pour les maisons individuelles en avril 2022 rapport à un an plus tôt, et même de 25,5 % pour les ventes sur la même période.
Côté non résidentiel, les surfaces autorisées et commencées sont en hausse avec respectivement +12 et +26 % sur les 4 premiers mois de l’année 2022 en glissement annuel, mais Olivier Salleron souligne que les chiffres peinent à retrouver leur moyenne de longue date, restant toujours 12 % en-dessous des chiffres de 2019.
Des Assises du BTP très attendues
Dans un contexte de hausses de prix des matériaux et de surcoûts réglementaires (RE2020, REP, ZAN…), la FFB appelle ainsi de ses vœux la tenue des Assises du BTP, promises par le ministre de l'Économie Bruno Le Maire après la fin des élections législatives. L’occasion d’aborder ces problématiques, mais aussi la solidarité de la filière, l’allongement du remboursement des Prêts Garantis par l’État (PGE), ou encore la simplification administrative - notamment pour relancer les permis de construire et la construction neuve.
Claire Lemonnier
Photo de une : Olivier Salleron