Filière bois : le gouvernement lance des « assises »
Le 24 juillet dernier, le Premier ministre Jean Castex annonçait 100 euros supplémentaires pour la filière bois dans le cadre du plan de relance, portant l'enveloppe totale à 300 millions d'euros. Le gouvernement avait également saisi la Commission européenne pour qu'elle prenne des mesures de sauvegarde, et Jean Castex annoncé de potentielles « mesures conservatoires » à l'échelle de la France si l'Union européenne ne réagissait pas d'ici le 1er janvier 2022.
Depuis plusieurs mois, les grumes de chênes français sont en effet massivement exportés vers la Chine, alors que les scieries françaises peinent à s'approvisionner en bois français. La France est donc contrainte d'importer du bois transformé, alors qu'elle pourrait le travailler elle-même sur place pour plus de valeur ajoutée.
Mercredi 12 octobre, 500 millions d'euros était également annoncés dans le cadre du plan d'investissement France 2030 – une nouvelle dont s'était réjoui le Comité stratégique de filière bois dans un communiqué.
Ce mardi, le gouvernement a officiellement lancé les « Assises de la forêt et du bois », en présence de Julien Denormandie (Agriculture), d'Agnès Pannier-Runacher (Industrie), et d'Emmanuelle Wargon (Logement), et Bérangère Abba (Biodiversité). Ces assises visant à apporter, d'ici janvier, des réponses concrètes pour soutenir la filière bois française.
A cette occasion, Nicolas Douzain-Didier, délégué général de la Fédération nationale du bois (FNB), s'est réjoui des montants engagés : « On est en train de changer d'échelle en matière d'investissement ».
Il s'est toutefois inquiété de la situation des scieries, qui, selon lui, « continue de s'aggraver » : « Pour travailler sereinement, les scieries ont besoin de disposer de six mois de stocks de grumes. Il y a deux mois, le stock était à 3,5 mois. A date, il est à 2,9 mois », précise-t-il.
« Les scieries subissent des tensions en termes d’approvisionnement en bois : en raison notamment de l’augmentation de la consommation mondiale de bois (+10 % depuis 1 an), nos acteurs qui travaillent le bois, n’arrivent plus à faire face à la demande », reconnaît le gouvernement dans son communiqué.
Aider la filière à répondre aux besoins croissants du secteur de la construction
L'objectif des fonds débloqués : aider la filière française à faire face aux tensions, et à s'industrialiser pour répondre aux besoins du secteur de la construction, notamment avec l'arrivée de la Réglementation Environnementale 2020 (RE2020), qui fera la part belle au bois à compter du 1er janvier prochain.
Les plans mis en œuvre prévoient notamment de moderniser les scieries pour qu'elles soient capables de mieux répondre aux besoins du secteur de la construction, davantage à la recherche de bois industrialisé et préfabriqué.
« Nous avons besoin de mettre du bois français dans nos constructions de bâtiments », a insisté la ministre du Logement Emmanuelle Wargon.
« Pour le seul débouché du bois dans le bâtiment, le potentiel de création de valeur ajoutée additionnelle d’ici 2030 dépasse 3 milliards d’euros. C’est d’ailleurs pour cette raison que la filière s’est engagée dès février dernier à accompagner l’ambition portée par le gouvernement avec la future Réglementation Environnementale du bâtiment - dite RE2020 - en lançant le « Plan Ambition Bois 2030 », rappelle de son côtéle Comité stratégique de filière bois.
Claire Lemonnier
Photo de une : Adobe Stock