Économie circulaire : Tarkett renforce ses engagements
Aller plus loin et plus vite. C’est un peu le message transmis par Tarkett lors d’une conférence de presse. Le spécialiste des revêtements de sol annonce en effet accélérer ses actions pour passer d’une économie linéaire à une économie circulaire. L’objectif : 30% de contenus recyclés dans sa production à horizon 2030 contre 12% aujourd’hui, et baisser de – 30% ses émissions de carbone dans ses usines en 2030 par rapport à 2020.
Comment y parvenir ?
Tarkett nous explique : « Nous avons une démarche globale pour atteindre ces objectifs. Nous travaillons en priorité sur trois leviers ». « Renforcer l’approvisionnement de matériaux recyclés. Cela nécessite de travailler avec nos fournisseurs et les fournisseurs éventuels de matières premières secondaires. Nous mobilisons pour cela l’expertise de nos équipes R&D et notre savoir-faire en termes d’écoconception des produits ».
Accroître, « la collecte des revêtements de sol après installation et après usage, via notre programme ReStart® ». A ce jour, 105 000 tonnes de revêtements de sol post-installation et post-consommation ont été collectés entre 2010 et 2019, et 84% des produits Tarkett rentrent dans ce programme.
Et enfin, « Augmenter nos capacités de recyclage (techniques et volumes). Nous avons récemment développé une technique qui nous permet de recycler du vinyle homogène après usage à condition qu’il soit exempte de phtalate et autres substances non acceptées par Tarkett. Cette technologie nous permet d’accéder aujourd’hui à une partie du gisement de sols usagés résultant de chantiers de rénovation et déconstruction ».
Myriam Tryjefaczka, Directrice Développement Durable et Affaires Publics – Tarkett EMEA, souligne que dès 1957, Tarkett a commencé à « retraiter et à démarrer le recyclage pour la production de vinyle » dans son usine de Ronneby en Suède. C’est d’ailleurs pour répondre aux objectifs de développement durable que Tarkett a lancé, en 2019, le plan stratégique « Change to Win ». « Tarkett veut vraiment changer la donne dans l’économie circulaire en renforçant les engagements », souligne Myriam Tryjefaczka. En 2019, la société a recyclé 126 000 tonnes de matières premières dans sa production, et 28% de sa consommation d’énergie était issue des énergies renouvelables.
Réussir ensemble
Elle poursuit : « L’engagement correspond à une vision sur le long terme, à l’ambition d’innover en permanence ». Pour réussir cette transition, « appliquer les principes du Cradle to Cradle ne sont pas une fin en soi ». Il faut « un changement d’esprit ».
Tarkett estime que « la collaboration est un élément essentiel de la transition vers l’économie circulaire que ce soit avec les fournisseurs partenaires et les clients de notre chaine de valeur. Des collaborations sur le long terme ont été établies avec par exemple Aquafil notre fournisseur de nylon qui reprend et régénère le nylon que nous récupérons en fin d’usage après désassemblage des dalles de moquette. Nous avons en France un partenariat avec VEOLIA pour assurer la logistique et le tri des collectes ReStart®. Des clients du monde du bâtiment sont aussi adhérents du programme ReStart® qui est référencé dans leurs appels d’offre ». « C’est également important de partager les bonnes pratiques avec des institutionnels et la communauté qui travaillent sur l’économie circulaire que ce soient la fondation Ellen MacArthur ou l’Institut National de l’Economie Circulaire en France ».
Protéger la santé de la planète… et de l’Homme
Invitée à partager sa vision de l’économie circulaire, Nathalie Tchang, Présidente de Tribu Energie, confirme que « le sujet de l’économie circulaire est devenu prépondérant. Les aménageurs nous demandent de plus en plus d’être moteurs et de proposer des solutions. Et les maîtres d’ouvrage ont des objectifs très ambitieux » en matière de biodiversité, de connectivité notamment.
L’économie circulaire, c’est aussi penser l’obsolescence des bâtiments, et donc de choisir les bons matériaux, privilégier une conception qui permettent de « donner une seconde vie » aux ensembles. Les demandes en matériaux biosourcés et en produits fabriqués au plus près de chantiers se font de plus en plus fréquentes.
Elle regrette que l’approche qualité d’air intérieur soit « toujours un peu trop laissée pour compte. Nous sommes très focalisés sur la désinfection. Et c’est vrai que malheureusement, la toxicité des matériaux passe un peu à la trappe ».
En ce sens, les MHS (Material Health Statements) développés par Tarkett permettent « une analyse de risque de la composition détaillée de nos produits. Cela permet une réelle transparence vis-à-vis de nos clients qui sont davantage informés et peuvent ainsi mieux choisir leurs matériaux. Cet outil est vérifié par une tierce partie par EPEA (Environmental Protection and Encouragement Agency), selon les principes Cradle to Cradle® dans une démarche d’optimisation en continue de la composition de nos produits. Tarkett est le seul fabricant de revêtements de sol à proposer des MHS ».
Un changement qui passe par des solutions plus durables
Participer au changement, c’est aussi imaginer des solutions favorables au développement durable. « Le sujet de la recyclabilité ne relève pas d’un seul marché mais de plusieurs marchés », indique Benjamine Proisy, Directrice Marketing, développement durable et technique – Tarkett France. Elle revient sur trois produits déployés cette année.
IQ natural vinyle homogène : recyclable en fin d’usage et éco-conçu à partir de matières recyclées, il est le « premier revêtement de sol au monde en vinyle bio-attribué Biovyn », avance Tarkett. Il présente l’une des plus faibles empreintes carbone sur le marché (- 50%).
Excellence Genius, Vinyle hétérogène. « C’est un produit en rouleau qui se pose sans colle dans des zones à fort trafic ». Il contient plus de 20% de matériaux recyclés. Après usage, « nous le dégradons en petites billes avec les caractéristiques du produit neuf ».
DESSO Futurity. « L’inspiration design vient des grands tas de moquettes que l’on recycle chez Tarkett », précise Benjamine Proisy. Ce produit est 100% recyclable grâce à un procédé innovant qui permet de séparer la fibre textile de la sous-couche Ecobase®, tout en conservant une pureté de fil de plus de 95%. Ce procédé a été possible via la mise en place d’une nouvelle installation de désassemblage qui « a permis d’améliorer la qualité du nylon récupéré qui atteint le niveau de qualité attendu par Aquafil pour le régénérer en nouvelles fibres ECONYL®, utilisées pour la production de nouveaux produits. Elle a permis aussi d’augmenter la capacité de traitement de l’usine et d’augmenter par conséquent les capacités de collecte ».
Rose Colombel
Photo de une : ©Tarkett - Programme ReStart®