Des réseaux renouvelés pour ne plus gaspiller d’eau
En 2018, Bruno Cavagné, Président de la Fédération nationale des Travaux publics, pointait la vétusté des réseaux d’eau et d’assainissement, des infrastructures dont la durée de vie s’élève à 50 voire 75 ans, et qui pourtant ne sont renouvelées que tous les… 167 ans ! Deux ans plus tard, la situation ne semble pas avoir évolué.
Dans un communiqué, les Canalisateurs du Sud-Est lancent un appel pour que la lutte contre les gaspillages en eau, soit renforcée. Pierre Rampa, son Président, s’exclame : « Il faut doubler le taux moyen de renouvellement des réseaux d’eau qui est actuellement de 0,61% pour l’eau potable, et 0,42% pour l’assainissement collectif ! ». Alors que les départements de Rhône-Alpes ont cette année encore souffert de la sécheresse, il dénonce : « Aujourd’hui, 1 litre d’eau traité sur 4 part dans la nature ! Dans le contexte d’urgence climatique actuel, ce n’est plus admissible ! ».
Il s’insurge en effet que l’eau, « cette précieuse ressource », soit autant gaspillée à cause des fuites. « Et c’est invisible sur les factures ! ». 1,3 milliard de m3, c'est le volume d’eau qui partirait dans la nature chaque année, « soit l’équivalent du Lac d’Annecy ».
Mieux gérer les ressources
Ce sujet épineux sera largement abordé lors des 18es Rencontres Régionales de l’Eau et de l’Assainissement qui se tiendront le 2 octobre prochain à Valence. 118 entreprises de canalisation du quart Sud-Est de la France pourront échanger autour du thème « Transition écologique et ressource en eau : les enjeux d’une gestion durable ».
L’événement permettra aussi à la profession de faire un point sur l’activité. Touché par la crise sanitaire, le secteur a bien du mal à se relever. Yves Bourdais, délégué PACA des Canalisateurs du Sud-Est, constate : « La reconstitution des carnets de commande, est un véritable enjeu dans un premier temps, car au plus fort du confinement (mars/avril), la chute des appels d’offre en PACA était de - 66%. La reprise attendue n’ayant pas encore eu lieu puisque fin août nous sommes toujours à - 30% ».
De son côté, Michel Reguillon, délégué Rhône-Alpes, a salué les actions lancées par l’Etat comme par exemple, le Prêt Garanti, le report de paiement des crédits-bails et des charges sociales. Des actions qui ont permis « d’atténuer le choc : d’environ - 20% à - 30% de baisse d’activité, nous sommes aujourd’hui à -10% ».
Concernant les sommes promises dans le cadre du Plan de rebond de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse et du Plan de Relance de l’Etat, ils espèrent qu’elles soient bel et bien investies dans des projets de renouvellement des réseaux d’eau. Ils s’inquiètent en effet « du risque de dilution dans les budgets des collectivités territoriales des 260 millions d’euros accordés ». Michel Reguillon souligne que 6 mois après les élections municipales, certaines grandes collectivités d’Auvergne-Rhône Alpes n’ont toujours pas installé leur commission d’appel d’offres.
Yves Bourdais précise lui que « les sommes dédiées ne sont pas toujours utilisées, non pas par manque de projet, mais par absence de portage auprès des services des collectivités en terme notamment d’inventaire des besoins et des priorités, d’ingénierie financière, de planification, de constitution du dossier, de suivi et décence du projet…! ». Les entreprises sont prêtes à « faire oeuvre de pédagogie auprès des nouvelles équipes municipales » et à les aider dans la constitution des dossiers de demandes d'aides, ajoute Olivier SaintPierre, représentant des maîtres d’oeuvre.
« En utilisant ces fonds, les collectivités rénovent leur patrimoine, maintiennent et développent l’emploi », déclarent enfin les Canalisateurs.
Le Plan « eau » du Gouvernement
« France relance » prévoit une série de mesures pour sécuriser les infrastructures de distribution d’eau potable, d’assainissement et de gestion des eaux pluviales.
220 millions d’euros seront investis en métropole pour moderniser les réseaux, mettre aux normes les stations de traitement des eaux usées, ou encore pour rénover les réseaux d’assainissement. 30 millions viendront soutenir les collectivités confrontées à l’impossibilité d’épandre leurs boues de station d’épuration, et un fonds d’accélération d’un montant de 50 millions d’euros de 2021 à 2021, permettra une mise aux normes des canalisations dans les outre-mer.
Ce sont ainsi près de 280 km de réseaux de distribution d’eau potable et d’assainissement qui seront réhabilités. |
R.C
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