Construction métallique : l’activité progresse de plus de 6 % en 2022/2023
Après 768 000 tonnes de construction métallique enregistrées sur l’année 2022, selon un premier bilan présenté début décembre, le Syndicat Français de la Construction Métallique (SCMF) « confirme sa dynamique ».
En avril 2023, ce sont 800 000 tonnes de construction métallique comptabilisées sur le sol français sur un an. Soit une croissance de 6,09 %. Et ce « avec un chiffre d’affaires, qui lorsque l’on compare une année sur l’autre est en hausse de 12,75 %. Tout cela est dû une activité soutenue, mais aussi à des prix de marché qui sont plus importants », poursuit Christine Le Nouy, déléguée générale du syndicat lors d’un point presse ce jeudi 22 juin.
Malgré « des signes positifs notoires », la prudence reste de mise
Si les prix de l’acier baissent, l’activité est en effet « impactée par les hausses de prix de l’énergie et de l’inflation. Mais globalement, nos entreprises affichent de bons résultats 2022 et sont plutôt optimistes pour ceux de l’année 2023 », détaille Roger Briand, président du syndicat.
Des « signes positifs notoires », et « la réindustrialisation y est pour quelle chose », pense M. Briand, car le bâtiment industriel tire toujours la production, occupant 61,37 % des parts de marché. Le syndicat estime que le projet de loi industrie verte devrait soutenir la dynamique, avec la construction de gigafactories dans le Nord la France.
Viennent après la catégorie Autres ouvrages (12,63 %) et bâtiments agricoles (11,32 %). « Ce qui reste en baisse, ce sont les commerces, les bureaux et les logements », conclut le président.
« Bien sûr, on a eu une grosse activité entre janvier et février. On note que les exportations sont en hausse, mais aussi le marché des ouvrages d’art, en pont, passerelle, etc. L’activité reste très intéressante et très forte, puisqu’on est déjà un petit peu au-dessus de l’année 2019, qui est déjà une bonne année », complète Christine Le Nouy.
Toutefois, si les carnets de commandes sont « assurés » pour 2023, le SCMF s’inquiète pour ceux de 2024, entre la légère baisse des consultations et projets de construction - bien qu’en nombre important - et les reports des dates de réalisations d’ouvrage. Mais surtout : « Les donneurs sont plus lents à prendre leur décision de commande et les durées d’instruction des permis de construire s’avèrent de plus en plus longues », souligne le président du SCMF.
Des embellies sont quand même à noter : les effectifs de la construction métallique progressent de 1,82 % et peuvent être considérés comme « stables » d’après Christine Le Nouy. Le SCMF note toutefois « une hausse importante d’intérimaires car comme beaucoup de secteurs, on a toujours des soucis d’embauche et de formations du métier », juge la déléguée générale.
La capacité de production est remontée à 77 %, après une descente à 76 % durant avril 2021, marqué par la pandémie. À savoir que plus cet indicateur approche des 80 % plus l’investissement des industriels est conséquent.
Le potentiel bas carbone de la construction métallique à défendre
Le SCMF ne cesse de le répéter : l’acier est un « matériau fantastique », en particulier quand il s’agit de recyclage et de réemploi, à l’heure où la REP bâtiment connaît un coup d’accélérateur. Un chiffre notamment donné lors du point de conjoncture du SCMF : en France, 95 % des aciers longs (poutrelles, plats, cornières) dont se fournit la construction, proviennent de produits de recyclage de la filière électrique des aciéristes.
À tel point que selon le type d’énergie consommée par les aciéristes (nucléaire, hydraulique, éolienne, photovoltaïque), le taux d’émission de CO2 peut déjà être divisé par 5 ou 6. Pour preuve, si la décarbonation s’avère constante, les FDES du Centre technique industriel de la construction métallique (CTICM) afficheront des ratios de l’ordre de 0,5 kg par kg d’acier produit.
D’autant que, « ces aciers bas carbone sont plus chers d’environ 10 %. Actuellement, la hausse du prix de l’acier est de 40 % par rapport au plus bas d’avant la crise. On est passé de 700 euros la tonne, en 2020, à 2000 euros au plus haut de la crise en 2021, et nous sommes aujourd’hui à 1100 euros la tonne d’acier bas carbone, ce qui est largement absorbable par le marché, compte tenu de la hausse générale de tous les matériaux. Les constructions en acier bas carbone restent donc particulièrement compétitives », développe à ce propos Roger Briand.
Cela ne dispense pas le syndicat français de la construction métallique de progression sur la décarbonation des procédés de construction. Le CTICM met notamment en place une plateforme de réemploi pour les constructeurs métalliques. « C’est un marché de l’occasion qui s’ouvre. Tous les constructeurs métalliques ont un stock, un parc affaires, où certains ont jusqu’à 4 mois de stockage », expose le président du SCMF.
Autre axe de décarbonation : la réhabilitation de bâtiment à structure et autres éléments métalliques, afin d’éviter des démolitions et reconstructions fortement émissives.
Reste cependant à défendre le potentiel bas carbone et technique de la construction métallique, tant auprès de la maîtrise d’oeuvre comme de la maîtrise d’ouvrage, qui a dû mal à adopter ce procédé dans ce projet, déplore la filière qui mène un travail avec les bureaux d'études en ce sens.
Virginie Kroun
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