A Saint-Denis (93), l’immeuble Coignet 1856 s’est refait une beauté
Pour construire cet immeuble destiné à loger ses ouvriers, François Coignet, dirigeant d’une usine spécialisée dans la fabrication de colle, de gélatine et d’engrais, avait élaboré un nouveau matériau : le béton « Coignet », également connu sous le nom de « pierre artificielle », « béton plastique » ou encore « béton de pisé ».
« Composé d’un mélange de chaux, de sable et de ciment Portland, le béton présente des caractéristiques mécaniques d’une pierre », explique l'architecte du Patrimoine Bertrand Monchecourt, chargé de la réhabilitation.
Il ajoute « La technique de construction est inspirée de celle du pisé : un caisson fait de branchages, un mélange compressé le plus sec possible ».
Le procédé a de nombreux avantages et a répondu aux convictions sociales de M. Coignet. A l'époque, son but était de construire bon marché, rapidement et efficacement avec une main d’œuvre limitée et peu qualifiée, en exploitant des matériaux de recyclage. Ainsi, en 1854, il déposa un brevet sous le nom de « béton économique ».
Un matériau résistant, symbole du passé industriel de Saint-Denis
C’est en 2000 que la ville de Saint-Denis a acquis l’immeuble, mais il aura fallu attendre de nombreuses années pour en déterminer son nouvel usage.L’opérateur immobilier Histoire & Patrimoine s’est chargé de la réhabilitation de cet immeuble situé dans un secteur stratégique de développement de la ville de Saint-Denis : le quartier « Gare Confluence », à l’Ouest du centre-ville, entre le centre historique de Saint-Denis cité royale et la cité du cinéma de Luc Besson.
Malgré trente ans d’occupation illégale et un début d’incendie, la structure de l'immeuble est restée intacte et saine, sans déformation, ni fissure. C’est pourquoi, pour l’aider à retrouver sa splendeur d’antan, la société a décidé d’utiliser du « béton Coignet ».
Le projet de rénovation présenté par l’architecte Bertrand Monchecourt a été élaboré sous le contrôle de l’Architecte des Bâtiments de France et de la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC), dans le strict respect de ses détails originels.
Histoire & Patrimoine souligne que les bâtiments de François Coignet encore présents à Saint-Denis « constituent de rares et précieux témoignages de ses découvertes qui portent en leur «chaire» le passé industriel de Saint-Denis ».
Il était donc d’une grande importance de respecter l’architecture originelle du bâtiment Coignet 1856, tout en l’adaptant aux normes de confort actuelles.
« Nous sommes fiers d’avoir participé au projet de restauration de l’immeuble Coignet, qui s’inscrit dans notre mission de préservation du patrimoine et de restructuration des cœurs de ville. La réhabilitation de ce bâtiment est un symbole important de la dynamique de restructuration développée par la ville de Saint-Denis. Il est à la fois un témoin de l’histoire et du patrimoine de la ville et un emblème d’une histoire qui continue de s’écrire au présent » commente Alexandre Mauret, Directeur général délégué d’Histoire & Patrimoine et Président d’Histoire et Patrimoine Développement.
Des 72 logements existants, 58 ont été conservés répartis sur 6 niveaux. L’immeuble construit en U, compte 3 bâtiments réunis par une entrée commune sur rue, avec une cour pavée en son cœur. Il accueille désormais des logements allant du studio au 3 pièces, d’une surface de 24 à 60 m2.
Les éléments remarquables existants ont été mis en valeur : escaliers en béton moulé, sols des parties communes en ciment, garde-corps en fer forgé, linteaux décorés des fenêtres…
R.C
Photos : ©Histoire & Patrimoine