L’impression 3D se démocratise peu à peu dans la construction
Il faut savoir vivre avec son temps. À l’ère du numérique et du tout connecté, chaque entreprise s’éloigne peu à peu du papier, pour s’équiper en moyens techniques et technologiques plus à même d’améliorer le rendement de leurs activités. Le secteur du BTP ne déroge pas à la règle.
Intelligence artificielle, BIM, réalité augmentée, 5G ou encore impression 3D, le monde de la construction ne peut faire fi de toutes ces évolutions. Il a même tout intérêt à se les approprier.
L’entreprise XtreeE, créée en 2015, l’a bien compris. Elle s’est donc spécialisée dans le développement de solutions d’impression 3D à grande échelle dédiées à la construction. « On le fait de manière indiscriminée de ce que l’on peut s’imaginer de la construction. Cela peut aller du mobilier d’architecture d’intérieur jusqu’à l’infrastructure lourde de franchissement », nous explique Romain Duballet, co-fondateur de XtreeE.
Un procédé qui ne demande qu’à prendre en maturité
Dans le bâtiment, l’impression 3D est encore un concept relativement jeune. « Aujourd’hui, c’est quelque chose d'identifié, de robuste, et qui commence à se normaliser. Mais nous n’en sommes encore qu’aux prémices », souligne M. Duballet.
Aujourd’hui, ce procédé de construction requiert surtout des matériaux d'origine minérale, comme la terre, le béton, le plâtre ou les géopolymères. Le béton, principale matière utilisée dans cette méthode de construction, fait partie d’une « filière qu’il convient de renouveler. On ne sera pas capable de le supprimer, malgré le fait qu’il soit très émetteur de carbone », explique le cofondateur de XtreeE.
En effet, en 2050, il y aura, à priori, toujours 80 % des constructions qui seront réalisées en béton. Pour réduire l’empreinte environnementale des constructions réalisées à partir de ce matériau, il est donc indispensable de trouver un moyen de « mieux faire ».
C’est ici qu’intervient XtreeE. L’entreprise développe des solutions pour utiliser des robots qui peuvent mettre en œuvre des bétons bas carbone, avec des optimisations pour réaliser des formes très complexes. Elle équipe des industriels, des constructeurs à l’international, qui vont ensuite pouvoir fabriquer des produits de construction développés à l’aide de cette technologie.
Se structurer pour mieux se démocratiser
Pour autant, hors de question de s’éparpiller pour XtreeE. Pour son co-fondateur, l’impression 3D dans la construction s’inscrit davantage dans la mouvance hors-site. « Il s’agit d’industrialiser la construction, faire des choses très fonctionnelles. Il est question d’alléger le chantier de toutes ses contraintes : les dangers potentiels, les retards, la pénibilité etc. Tout ce qui fait que la construction est à la peine en ce moment », nous explique Romain Duballet.
Des efforts qui commencent peu à peu à payer, même si l’impression 3D dans la construction reste très marginalisée. « Aujourd’hui, ce procédé compte seulement quelques dizaines de projets sur lesquels il y a des éléments imprimés en 3D. Cela va se démocratiser petit à petit, car le marché commence à se structurer, avec des groupes de normalisation qui voient le jour à l’international, en Europe et en France. Des normes de construction liées à cette méthode commencent à être rédigées. Mais cela reste encore très innovant », souligne M. Duballet.
Quel avenir pour l’impression 3D dans le secteur ?
Si le procédé a besoin de temps pour s’imposer dans les esprits des acteurs de la construction, il commence à s'immiscer. Normalisation, structuration et démocratisation… Une fois ces étapes validées, quelles peuvent être les prochaines ?
« L’objectif dans l’avenir est de pouvoir remplacer des choses très simples, comme des dalles, des poteaux, des murs, ou encore des poutres. On va chercher à imprimer des structures de plus en plus légères, fabriquées en usine, mises en fonction en usine et assemblées sur le chantier », ambitionne le co-fondateur de XtreeE.
Pour le secteur de l’impression 3D dans son ensemble, « on arrive actuellement dans les années de références. On va avoir les premiers grands projets. Il y en a plusieurs qui sont actuellement en gestation. On veut pouvoir, à force de temps et de travail, démocratiser ces grands projets. Ce sont des ambitions qui animent tous les acteurs, que ce soit des bureaux d’architecture, des fournisseurs de matériaux de construction ou encore des constructeurs », conclut Romain Duballet.
Propos recueillis par Jérémy Leduc
Photo de Une : Adobe Stock