Toitures végétalisées: un procédé ancien, des techniques d'avenir
Par rapport à un toit en graviers, elle offre une surface vivante, qui change d'aspect avec les saisons et la floraison des végétaux, précisent ses concepteurs. Au premier rang des avantages, la rétention d'eau: l'urbanisation conduit à un accroissement des surfaces imperméabilisées et à un déficit d'alimentation de la nappe phréatique, en raison d'un manque d'infiltration. Evacuée trop rapidement par les canalisations, l'eau n'a pas le temps de s'évaporer et la chaleur en ville augmente. Comme une éponge, la toiture végétalisée accumule l'eau, dont une partie est absorbée par les plantes, une autre évaporée, et une autre évacuée par les canalisations avec un délai favorisant le bon écoulement, explique en substance Bruno Berthineau, expert au Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB).
"Avec le réchauffement climatique et la multiplication des épisodes caniculaires, la toiture végétalisée participe à l'optimisation des performances thermiques des bâtiments et à l'amélioration hydrothermique des villes par la création de microclimats. Elles permet aussi d'absorber les polluants urbains et de diminuer ainsi la pollution atmosphérique", selon le CSTB.
Budget moyen de 40 à 50 euros/m2
Rapidement installée, moins onéreuse que la terrasse-jardin classique, elle ne requiert ni irrigation ni nutriment et se contente de 4 à 10 cm de substrat (charge inférieure à 60 kg/m2). Selon la revue d'écologie pratique "Quatre saisons du Jardinage", un budget moyen de 40 à 50 euros/m2, hors étanchéité, est raisonnable, "comparable à un toit de tuiles de qualité".
Mais la toiture végétalisée a du mal à s'imposer en France, comme si "l'oeil français", habitué à une végétation bien ordonnée, répugnait à l'esthétique "naturelle" des toitures généralisées... "C'est vrai qu'on est loin de la conception qu'a le Français de l'"espace vert", mais c'est bien une prise en compte tardive dans notre pays du facteur environnemental qui fait qu'on en est encore là", estime François Lassalle, président de l'Adivet (Association pour le développement et l'innovation en végétalisation de toîtures).
La France n'a pris aucune mesure de nature à valoriser cette technique, et reste à la traîne avec seulement 150 à 200.000 m2 de création de toitures végétalisées par an. Par comparaison, en Allemagne où 40% des villes proposent des incitations financières pour promouvoir le procédé, le chiffre est de 13 millions de m2 par an. En Suède, où le botaniste Linné avait décrit des toits couverts de joubarbes à Stockholm dès le 18ème siècle, un "International Green Roof Institute" a été fondé à Malmo, en 2001.
Par Annick CHAPOY