Façade légère en France, un marché de la transparence aux contours flous
Le marché
Il est difficile de savoir combien d’acteurs opèrent sur le marché de la façade légère, car il est très volatil. Les acteurs ne se résument pas aux 32 adhérents de la section Fenêtres et Façades du SNFA. Le nom même de la section indique bien que ces entreprises ne réalisent qu’une partie de leur production et de leur pose en façade et travaillent aussi sur le marché de la fenêtre, qu’elle soit intégrée ou pas à un mur-rideau autre nom de la façade légère.
De la même façon, les concepteurs-gammistes ont une clientèle large et certains de leurs clients peuvent réaliser quelques façades par an au milieu d’une activité généraliste.
Ce qui est sûr, c’est que la petite façade représente la plus grosse partie du marché face au marché des grandes tours, spectaculaires mais rares. Si on estime grossièrement le marché a 2 millions de m2 de façade en moyenne ces dernières années, il se répartit environ moitié en neuf moitié en rénovation.
Quelle est l’évolution récente de la façade légère ?
Les réglementations thermiques RT 2005 puis RT 2012 ont marqué l’évolution de la façade depuis une vingtaine d’années en exigeant des niveaux de performances thermiques de plus en plus élevés.
Depuis la RT 2005, il s’agit d’amener dans les bureaux le plus de lumière possible et garder la chaleur en hivers, mais savoir s’en protéger l’été. Il faut gérer la lumière et les apports solaires, et particulièrement l’excès d’apport solaire en été, en utilisant avec des protections, des brise-soleil et quelquefois des systèmes multipeaux, pour obtenir du confort d’été sans climatisation active.
La RT 2012 exige une performance encore plus élevée, ce qui amener à mettre en oeuvre des solutions multi-paroi, solutions respirantes ou vraie double-peau. La part que prennent les parois vitrées face aux remplissages opaques n’a pas diminué. Le verre continue à représenter la plus grande part des surfaces des tours de bureau et autres immeubles tertiaires. L’électricité nécessaire pour couvrir les besoins de fonctionnement et l’éclairage reste le premier poste de dépense d’énergie, ce qui est un profil de consommation très différent du résidentiel. On a donc toujours intérêt à privilégier la lumière naturelle dans les bureaux, notamment pour le bien-être et le « bien travailler » des occupants.
Pour les entreprises spécialisées, les concepteurs gammistes et les fabricants de verre, il s’agit de résoudre une équation à plusieurs termes qui implique d’amener beaucoup de lumière, d’éviter la surchauffe en été tout en augmentant les apports de chaleur solaire en hivers. Et cela en assurant le maximum de confort pour les utilisateurs et en offrant aux maîtres d’œuvre et maître d’ouvrage un résultat architecturalement réussi.
Les autres composants du mur-rideau
Pour arriver aux meilleurs résultats et se préparer aux performances accrues que la RE 2020 va exiger, les acteurs du marché profitent des expérimentations E+C- pour dégager des pistes de progrès.
La façade accompagner le bâtiment vers la neutralité carbone, et il faut envisager pour cela la possibilité qu’elle puisse participer à la production d’énergie. La gestion centralisée des bâtiments (GTB) appuyés maintenant sur l’IoT, l’internet des objets, permet de mieux utiliser les caractéristiques de celle-ci pour une gestion plus intelligente de la performance globale d’un bâtiment. La façade est un « capteur géant » capable de communiquer beaucoup d’informations aux systèmes centralisés de pilotage et d’interagir avec eux. Les fabricants d’automatismes et de systèmes électriques travaillent depuis plusieurs années sur ces sujets.
Au-delà de la menuiserie aluminium et du verre, qui constituent le cœur des murs rideaux, les produits complémentaires ont aussi des performances accrues. Par exemple un fabricant de tissus technique a mis au point un tissu de protection solaire intérieur avec un coefficient d’ouverture progressif. La densité du tissu varie sur la hauteur du store. Il a d’ailleurs été nominé à EquipBaie pour cette innovation.
Le BIM en appui des projets complexes … et des autres
Le BIM va contribuer à faciliter l’expression croisée des exigences techniques et des désirs architecturaux. Le Pôle Fenêtre de la FFB, en complément des bibliothèques d’objets que développent beaucoup de concepteurs-gammistes et de fabricants, va permettre de démarrer des projets BIM Façade-Murs rideaux quand les fournisseurs de composants ne sont pas encore connus. Ce projet devrait se développer dans les prochains mois à partir du site paroisvitreesrt2012.fr et permettra aux concepteurs de disposer très en amont d’objets génériques pour tous leurs projets BIM.
Plus généralement, le BIM simplifie la conception et la réalisation de façades complexes, les images de la Cité du vin à Bordeaux qui illustrent cet article sont là pour en témoigner.
Même si les tours restent très décriées par les défenseurs de l’environnement, les très gros progrès réalisés par les différents métiers de la façade et du mur-rideau permettent aujourd’hui, pour l’essentiel de la production, d’avoir des bâtiments réellement sobres en énergie. Les nombreuses certifications, NF HQE, BREEAM, Leed etc. sont là pour en attester.
Dans tous les cas, la lumière, qui est le corolaire des façades légères modernes, est un des éléments importants qui contribue au bien-être quotidien des occupantes et des occupants des bâtiments.
Dans les autres articles du dossier spécial Façade vous trouverez plusieurs réalisations et nouveautés qui illustrent ces évolutions.
Régis Bourdot
Sources et images : Jean-Luc Marchand, SNFA, Fotolia, Cité du Vin : © XTU-Patrick Tourneboeuf