C'est Girard Chalam, vassal direct du roi, qui régnait sur le secteur abritant aujourd'hui Ikea et l'A 6 !
« On s'en doutait », avoue Christian Piozzoli, archéologue en charge de l'Essonne. C'est lui qui représente l'Etat dans les fouilles, étudie les permis de construire et demande, si c'est justifié, aux chercheurs de l'Inrap d'investiguer. La procédure est longue. Le diagnostic déclarant le site de Lisses digne d'intérêt date de... 2004. Et pendant ce temps-là, le projet de construction de l'investisseur est bloqué. « Certains râlent mais ils commencent à l'accepter », sourit l'archéologue.
A l'époque, le chevalier Girard Chalam n'avait pas ce genre de tracasseries administratives pour faire construire. Issu d'une grande lignée de seigneurs, il menait grand train. Sur sa table, la même vaisselle que celle en vogue à la cour du roi. Des céramiques finement décorées ont été déterrées. Les contreforts de son château sont épais de plus de deux mètres. La tour fait 12 m de diamètre. Sa fonction est indéterminée. Simplement de la frime de chevalier ? « Cela pouvait en effet juste dire, voilà, je suis le seigneur et j'ai une grosse tour ! » sourit Laure Cissé, la responsable des fouilles.
Seulement quelques pièces de monnaie, notamment un tournoi vieux de 800 ans, ont été retrouvées. Le château n'a pas eu une vie facile. Pillé lors de la jacquerie de 1358, une révolte de paysans et abandonné peu après, victime de la guerre de Cent Ans et de la peste noire... Au XVIII e , une ferme voit le jour sur son emplacement et l'enfouit. Il n'a finalement revu le jour qu'aujourd'hui... avant d'être enseveli bientôt sous des entrepôts.