Transports : l’entretien des infrastructures priorisé, les grands projets mis à mal
« C’est bien le sens de cette programmation, pleinement intégrée dans le projet de loi d’orientation des mobilités : mettre notre politique d’investissements au service d’une nouvelle politique de mobilités, une politique luttant contre l’assignation à résidence de nos concitoyens dans tous les territoires, portant une ambition inédite pour la mobilité propre, et accompagnant les révolutions du digital et des nouvelles mobilités », a-t-elle déclaré.
Revenant sur les actions déjà menées par l’exécutif depuis sa mise en place (pause des grands projets d’infrastructures, organisation des Assises nationales de la mobilité, réalisation d’audits sur l’état des routes, etc.), la ministre des Transports a ensuite dévoilé le tant attendu budget consacré aux infrastructures. Ce sont ainsi 13,4 milliards d’euros qui seront investis sur la période 2018-2022, soit 40% de plus qu’au cours du quinquennat précédent. À horizon 2023-2027, l’enveloppe pourrait même grimper jusqu’à 14,3 milliards d’euros.
« Ce choix politique très clair est nécessaire pour à la fois maintenir un niveau de qualité pour nos infrastructures, garantir la sécurité et la qualité des déplacements de nos concitoyens au quotidien, soutenir la performance de notre économie, assurer la transition vers une mobilité plus propre, renforcer la cohésion du territoire et son intégration dans les flux européens et mondiaux », estime le ministère.
Un budget en hausse mais toujours insuffisant
Si l’augmentation du budget consacré aux transports est un signal fort du gouvernement, à y regarder de plus près, il s’agit davantage d’un cadeau empoisonné joliment empaqueté. En effet, les priorités présentées par Elisabeth Borne sont avant tout axées sur 5 points : l’entretien et la modernisation des réseaux, le renforcement et le développement du ferroviaire, le désenclavement routier des villes rurales, le développement des mobilités propres, et le report modal dans le transport de marchandises.©Ministère de la Transition écologique et solidaire
Les grands projets, quant à eux, ressortent perdants de cette programmation. Bien qu’aucune liste de projets prioritaires n’ait, pour l’heure, été communiquée, le gouvernement a déjà laissé entendre qu’il s’appuierait sur « l’approche nouvelle proposée par le COI, reposant sur une réalisation phasée des projets ». Le ministère a également précisé que les projets de Canal Seine-Nord Europe et la liaison ferroviaire Lyon-Turin seraient bien honorés, sans plus de détail.
Bien qu’ambitieuse, la programmation proposée par le gouvernement est loin d’avoir convaincu la Commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du Sénat, qui a réagi dès ce 12 septembre aux annonces de la ministre des Transports. Tout particulièrement, Hervé Maurey, président de la commission et membre du COI, a déploré un montant bien en-dessous des niveaux nécessaires à l’entretien des réseaux. D’après lui, 1,5 milliards d’euros manquent encore afin d’atteindre les objectifs fixés par l’exécutif.
« Les territoires sont les premières victimes des intentions du gouvernement en matière de financement des mobilités », a-t-il pointé. « Le gouvernement doit revoir au plus vite sa copie. » Le sénateur a également rappelé que le plan présenté faisait totalement l’impasse sur le financement des investissements prévus. De quoi laisser la porte ouverte à la mise en place d’un éventuel prélèvement sur les usagers de la route…
F.C
Photo de Une : @Elisabeth_Borne (Twitter)