Des mesures d'urgence pour relancer la filière photovoltaïque
Dans un contexte de concurrence exacerbée, la filière française du photovoltaïque ne veut pas se laisser distancer. La ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie, Delphine Batho, a profité de son déplacement dans l'entreprise MPO, fabricant de cellules photovoltaïques à Villaines-la-Juhel (Mayenne), pour annoncer des mesures d'urgence en faveur de l'énergie solaire : parmi ces mesures, la ministre propose un doublement des volumes cibles du photovoltaïque. Ainsi l’objectif est désormais de 1000 MW par an (au lieu de 500 MW jusqu’ici). Delphine Batho annonce aussi une augmentation allant jusqu'à 10% du tarif de rachat de l'électricité générée par les petites fermes photovoltaïques qui utilisent des panneaux fabriqués en Europe.
Le dispositif de soutien au photovoltaïque fait appel à deux mécanismes distincts suivant la puissance de l’installation : des appels d’offres pour les installations sur bâtiments de plus de 100 kilowatts crêtes (kWc) et les centrales au sol. Pour les installations sur des très grandes toitures au delà de 250 kWc (plus de 2 500 m2 de panneaux) et les centrales au sol, un système d’appel d’offres ordinaire est relancé. L’appel d’offres aura un objectif global de 400 MW. Pour les installations sur bâtiments entre 100 et 250 kWc (équivalent à une surface de toiture comprise entre 1000 m² et 2 500 m²), un système d’appel d’offres simplifié a été mis en place.
Créer ou maintenir environ 10 000 emplois
Le deuxième mécanisme prévoit des tarifs d’achats ajustés chaque trimestre, pour les installations sur bâtiments de moins de 100 kWc (seuil équivalent à une surface de 1000 m² de panneaux photovoltaïques). Une revalorisation de 5% des tarifs pour les installations en intégré simplifié au bâti pour soutenir le développement des installations photovoltaïques incorporées à la toiture du bâtiment, et une bonification jusqu’à 10% pour les installations « made in Europe » sont les autres grandes mesures. « L'enjeu est bien de montrer que la filière française existe, que nous avons une carte à jouer sur les produits à haute valeur ajoutée et que la bataille n'est pas perdue, même dans un environnement concurrentiel féroce », a expliqué au journal Le Monde la ministre.
L’ensemble de ces mesures générera des investissements de plus de 2 milliards d’euros et permettra la création ou le maintien d’environ 10 000 emplois. Leur coût annuel pour la collectivité est estimé à entre 90 et 170 millions d’euros, soit environ 1€ à 2€ par an en moyenne par ménage. « Le gouvernement a fait le choix d’un développement maîtrisé et responsable qui puisse s’inscrire dans la durée. Pour mémoire, la charge de CSPE du photovoltaïque en 2012 est de 1,5 milliards d’euros, soit 36% de la CSPE totale et 68% de la CSPE liée aux énergies renouvelables » précise le ministère dans un communiqué.
Bruno Poulard
Une concurrence exacerbée (déloyale ?) |