Rebond des mises en chantier, mais les permis de construire toujours à la traîne
Les mises en chantier ont fortement rebondi ces trois derniers mois, avec +42 % par rapport au trimestre précédent. Ce rebond est particulièrement important pour les logements collectifs (+54,5 %), plus que pour les logements individuels (+24,5 %).
Le mois d'août a notamment enregistré une hausse de +20 % de mises en chantier de logements collectifs et en résidence comparé à la moyenne des trois mois précédant le confinement. C'est une hausse inédite pour ce mois qui connaît habituellement une pause estivale dans le secteur de la construction, mais il a cette année été marqué par un nécessaire rattrapage de l'activité, fortement ralentie pendant le confinement.
Au troisième trimestre 2020, les mises en chantier ont si bien repris qu'elles ont même dépassé de +9 % la moyenne des douze mois précédant le confinement !
Evolution des permis de construire et mises en chantier au T2 et T3 2020
Les autorisations ont également nettement rebondi au T3 2020, avec +43,6 % par rapport au trimestre précédent. Il faut toutefois mettre en perspective ce chiffre, et rappeler que le nombre de permis de construire s'était effondré de près de moitié entre le T1 et le T2 2020 avec le confinement. Outre le manque de dématérialisation des procédures, les retards s'étaient accumulés, et le report des élections municipales avait retardé la délivrance de nouveaux permis.
Les permis de construire n'ont pas rattrapé leur retard
La délivrance de permis de construire a en réalité moins bien repris que les mises en chantier. Leur niveau reste inférieur à celui enregistré avant la crise sanitaire, avec -22 % par rapport aux trois mois précédant le confinement, et -17 % par rapport à la moyenne des douze mois précédant le confinement. Dans le détail, les permis de construire de logements collectifs ou en résidence sont plus impactés, avec toujours -23 % en septembre, par rapport au trois précédant le confinement (contre -8 % pour les logements individuels).
De fait, sur an an, 43 900 logements en moins ont été autorisés par rapport aux 12 mois précédents, soit -10 %. Cette chute a particulièrement touché le logement collectif ordinaire, avec -14,5 %, contre -8 % pour l'individuel pur. Les autorisations de logements en résidence ont en revanche augmenté de +11 %.
Sur la même période, il y aurait eu 22 900 logements commencés en moins, soit -5,6 % par rapport aux 12 mois précédents. Dans le détail, les logements collectifs ordinaires sont les plus impactés avec -7,3 %, contre -6,8 % pour l'individuel. Là encore, les logements en résidence se distinguent, avec une hausse de +13,1 %.
Cette baisse des permis de construire inquiète particulièrement la Fédération Française du Bâtiment (FFB) et la Fédération des Promoteurs Immobiliers (FPI), car elle présage une baisse de l'activité à venir. Inquiétude d'autant plus grande que le contexte sanitaire et économique reste incertain, avec de nouvelles mesures attendues ce soir.
« En matière de logement neuf, l’heure n’est plus aux remises en cause des aides (Pinel et PTZ) ni à la complexification de l’acte de construire. Il faut une mobilisation générale de l’Etat, des collectivités locales et des opérateurs, pour faire de la construction un levier de la relance. Il nous faut plus de permis de construire, plus de digitalisation et moins de normes », insiste Alexandra François-Cuxac, présidente de la FPI.
Claire Lemonnier
Photo de une : Adobe Stock