Métavers : vers un nouveau marché de l’immobilier virtuel ?
Prenez le mot « méta » qui signifie « au-delà » et « vers » pour « univers », et vous obtenez le mot « Métavers ». Inventé en 1992 par Neil Stephenson dans « Snow Crash », un roman de science-fiction, le terme désigne en réalité un monde virtuel, un cyberespace.
Depuis une dizaine d’années, les économies du monde entier connaissent une évolution importante vers la numérisation, un processus de transformation accéléré par la crise sanitaire. Les points de vente physiques ont désormais migré sur internet, tout comme les bureaux, avec la démocratisation du télétravail.
Ainsi, beaucoup d’entreprises du numérique y voient le point d’entrée pour de nouveaux marchés économiques, où le réel et le numérique pourraient fusionner. C’est d’ores et déjà le cas puisque le Métavers est en train de révolutionner le marché de l’architecture, tout en créant un nouveau marché : celui de l’immobilier virtuel.
Une architecture sans limites
Contrairement au monde réel, le Métavers offre des possibilités infinies en termes d’architecture. Dans un secteur comme celui de la construction, constamment sous l’emprise des délais d’exécution longs, des autorisations difficiles à obtenir pour certains chantiers et des hiérarchies sociales dans la conception architecturale, tous les utilisateurs et architectes en quête de nouveaux défis pourront se retrouver ici dans un espace sans limite de temps, de budget ou d’espace, et ils pourront donc faire libre cours à leur imagination, sans tenir compte des lois de la physique.
Le Métavers peut ainsi accueillir des maisons ou des bureaux privés, où les salariés de demain pourront se retrouver pour télétravailler avec leurs collègues. Mais ce monde virtuel peut également héberger des espaces de divertissement comme des théâtres, des cinémas, des salles de concert, des centres commerciaux, et même des stades de football, comme c’est le cas avec le stade de l’équipe anglaise Manchester City, qui a été reproduit dans le Métavers grâce à un partenariat avec Sony.
Acquérir un terrain virtuel dans le Métavers pourrait, toutefois, présenter un intérêt d’un point de vue purement spéculatif, puisque les deux mondes virtuels les plus développés actuellement proposent en effet un nombre de parcelles limitées. Des achats immobiliers y sont déjà possibles, achats que certains voient comme des investissements puisqu’ils pourraient prendre de la valeur et permettre d’obtenir une plus-value à la revente.
En décembre 2021, l’entreprise Republic Realm, basée à New York, a dépensé la somme record de 4,3 millions de dollars pour s’offrir une parcelle dans le Métavers The Sandbox. Fin novembre, la société canadienne Tokens.com a déboursé 2,4 millions de dollars pour acquérir 565 m2 virtuels dans la « Fashion Street » du Métavers concurrent Decentraland.
Cependant, pour que l’expérience immersive puisse être complète pour des millions d’utilisateurs, il faut que les infrastructures réseau soient à la fois suffisantes et déployées à grande échelle. À l’heure actuelle, de telles infrastructures ne sont pas encore prêtes mais elles arriveront sans aucun doute d’ici quelques années. Il faudra donc encore attendre avant de pouvoir voir un marché de l’immobilier virtuel bien implanté.
Robin Schmidt
Photo de une : Adobe Stock