Le marché immobilier très résilient en 2020, malgré une année « chaotique »
Malgré une année « chaotique » liée à la crise du Covid-19, la Fnaim note dans son bilan 2020 que le marché de l'immobilier s'est montré très résilient, prouvant l'attachement et la confiance des Français dans la pierre.
« En ces temps troublés, l’immobilier se confirme comme une valeur refuge pour les Français. Malgré les confinements, la situation économique incertaine, la pierre apparaît comme un investissement fiable et pérenne », souligne Jean-Marc Torrollion, président de la fédération.
-8 % pour les ventes, mais +4 % pour les prix
Sur l'ensemble de l'année 2020, le secteur immobilier enregistre 980 000 transactions, soit une baisse de -8 % comparé à l'année précédente. Dans le détail, la baisse des transactions s'est révélée plus marquée à Paris (-17 %) et en Ile-de-France qu'en province, certainement en raison de l'attrait pour la province et du développement du télétravail depuis le premier confinement.
Le bilan reste toutefois très honorable si l'on prend en considération le contexte de crise sanitaire et économique. Entre mars et mai 2020, l'activité des agences immobilières a en effet chuté de -80 %, puis la reprise s'est faite en grande trombe dès le 11 mai, et ce jusqu'en octobre. Ainsi, le volume de ventes en 2020 est resté supérieur à celui des années 2017 et 2018, pourtant déjà très satisfaisantes.
Cette bonne santé du marché immobilier se constate aussi du côté des prix, avec une hausse de +4 % sur l'ensemble de la France.
Bientôt une baisse de prix dans les grandes villes ?
Au niveau des grandes villes, l'évolution des prix est globalement orientée à la hausse, mais reste assez inégale. Ainsi en 2020, les prix ont augmenté de +7,4 % à Rennes, de +6,2 % à Nîmes et de +5,6 % à Orléans, mais de seulement +0,2 % à Bordeaux et +1,5 % à Lyon. Des villes comme Rouen, Le Mans, ou Amiens, enregistrent même une baisse des prix, allant de -2,6 % à -1,2 %. Pour Jean-Marc Torrollion, la baisse des prix à Rouen (-2,6 %) peut en partie s'expliquer par l'accident lié à l'usine Lubrizol.
Evolution des prix dans les capitales régionales en 2020. Source : Fnaim
Selon le président de la Fnaim, on observe une baisse de l'offre mais aussi un léger recul de la demande. De fait, les prix devraient rester stables dans un contexte de baisses concomitantes. Concernant les grandes villes, Jean-Marc Torrollion prédit même une baisse des prix à venir, constatant que les aspirations des Français ont changé depuis le premier confinement.
Le point sur les actualités du secteur
Parmi les bonnes nouvelles pour le secteur immobilier, Jean-Marc Torrollion souligne l'assouplissement des conditions d'octroi de prêts immobiliers finalement acté par le Haut Conseil pour la Stabilité Financière (HCSF), qui devrait atténuer les refus de prêts et aider les primo-accédants, ou encore la disposition « Kasbarian » pour la lutte contre les squatteurs.
Selon lui, la derrière version de MaPrimeRénov' est également très bonne nouvelle pour la rénovation des copropriétés et l'atteinte des objectifs.
Le président de la Fnaim s'inquiète en revanche de la baisse des constructions neuves et de la pénurie de logements.
Réagissant à l'annonce d'une interdiction de location des logements étiquetés G à partir de 2023, M. Torrollion s'est dit inquiet d'une perte d'1,7 millions de logements, qui seraient retirés du marché locatif d'ici 2028.
Concernant la rénovation énergétique de ces logements, il estime que les montants de MaPrimeRénov' restent insuffisants pour les 9ème et 10ème déciles, qui représentent 61 % des bailleurs privés. Il appelle donc à ré-ajuster le montant des primes pour aider les bailleurs à financer des rénovations efficaces.
Revenant sur la réforme du DPE, Jean-Marc Torrollion s'est également inquiété du manque de fiabilité des diagnostics de performances énergétiques : « La clé de la rénovation énergétique, c'est la confiance dans les outils », a-t-il insisté.
Autre mesure dénoncée : l'encadrement des loyers et l'extension des « permis de louer », qui seraient « un très mauvais signal pour les bailleurs privés ».
Claire Lemonnier
Photo de une : Adobe Stock