Lafarge élabore un ciment à empreinte de CO² fortement réduite
Le site du Pôle Technologique de Lafarge près de Lyon fête ses 20 ans. Dans ce centre de recherche où 240 personnes de 11 nationalités différentes travaillent sur l’amélioration des matériaux de construction, le groupe français développe sa connaissance des matériaux pour en repousser les limites techniques et esthétiques. Pour Bruno Lafont, PDG de Lafarge, nous sommes « dans le centre de recherche sur les matériaux de construction le plus important et innovant du monde ». Un axe stratégique qui a permis, et qui permettra, à Lafarge de produire des innovations à même de répondre aux enjeux de demain.
Deuxième produit le plus utilisé après l’eau, « le béton est un matériau durable et économique », n’en déplaise à ses détracteurs, indique Bruno Lafont. Néanmoins, les pistes d’améliorations sont nombreuses. L’empreinte écologique dans la fabrication du clinker (composant de base du ciment), très émissive en CO², est un sujet sur lequel les chercheurs du Pôle Technologique ont travaillé durant 5 ans pour trouver un produit qui réduit cette empreinte : Le bien nommé « Aether », dieu grec qui symbolise l’air pur.
La réaction chimique qui dégage le CO² | Vue du béton à la taille d'un demi cheveu |
Ce nouveau produit, un clinker, qui sert à fabriquer le ciment, entrant lui-même dans la liste des constituants du béton, a un taux réduit d’environ 30% de calcaire. Grâce à une augmentation de Gypse, argile ou bouxite, les chercheurs de Lafarge affirment que la réduction des émissions de CO² atteint 25%. De plus, en réduisant la température de cuisson (~ 1300°C) nécessaire à la réaction chimique, une réduction de 15% de la consommation énergétique est assurée. « Le brevet du nouveau ciment Aether a été déposé en 2004 et délivré en 2010. Il vient de recevoir le soutien de l’Union Européenne pour son développement » précise Pascal Casanova, Directeur de la Recherche et du Développement chez Lafarge.
Une production de 5000 tonnes d’Aether a d'ailleurs été réalisée pour confirmer les résultats obtenus en laboratoire durant trois jours de tests en usine. La subvention obtenue par l’Union Européenne va permettre à Lafarge de passer dans la phase de développement d’une première application, espérant ainsi le commercialiser en 2011. En parallèle, les travaux de recherche se poursuivent pour continuer à augmenter les performances de ce nouveau produit.
Bruno Poulard