Rénovation énergétique : « le marché doit trouver sa bonne formule » (C.Grudler)
La rénovation énergétique, un point embryonnaire dans la stratégie climatique européenne et française
Depuis quelques années, la rénovation énergétique des bâtiments a incontestablement pris une grande place dans le discours public. En effet, à l’échelle européenne la démarche baptisée « Fit for 55 » s’inscrit dans le prolongement du vote de l’objectif annoncé, à savoir la réduction de 55% des émissions de gaz à effet de serre en 2030, par le Parlement européen, de son « Pacte vert » et de l’objectif d’une neutralité carbone en 2050.
« Nous nous tournons donc vers une stratégie massive, dont le chauffage ne semble pouvoir y échapper. En amont, ma commission s’est accordée à appeler à un renforcement des mesures touchant au secteur de la rénovation énergétique des bâtiments qui est un point embryonnaire tant à l’échelle française qu’européene », affirme Christophe Grudler, député européen et membre de la commission de l’industrie, de la recherche et de l’énergie du Parlement européen.
De son côté, la France s’est engagée, via la loi de transition énergétique, à diminuer de 40% ses émissions de gaz à effet de serre et de 30% sa consommation d’énergies fossiles à l’horizon 2030. En 2020, avec son plan France Relance, l’Hexagone réaffirme ses objectifs de neutralité carbone à horizon 2050, avec 30 milliards d'euros consacrés à l'écologie et la transition économique.
Un effet « Stop & Go » ?
Association des professionnels du chauffage durable, Energies & Avenir s’engage pour atteindre les objectifs de la transition énergétique en promouvant la performance des systèmes de chauffage à eau chaude. La chaleur renouvelable, véritable enjeu de la transition écologique, représente aujourd’hui près de 6 000 collectivités et entreprises engagées mais ne couvre que 20 % des besoins actuels.
« Dans le corpus de textes européens intitulé « Fit for 55 », le secteur du chauffage n’est pas laissé pour compte, bien au contraire ! Il est au cœur des sujets avec plusieurs révisions », révèle Christophe Grudler. « Il est primordial que l’ensemble des solutions du secteur prennent le pas dans cette révolution climatique et énergétique en étant les plus durables et les plus efficaces possibles. Afin d’y parvenir, des mesures et des initiatives politiques et législatives sont en cours mais ces dernières doivent également venir du marché lui-même. Il doit être capable de trouver sa bonne formule », explique t-il.
Joël Pedessac, porte-parole de l’association Energies & Avenir dénonce pourtant une « instabilité réglementaire » et affirme que « c’est encore difficile pour les artisans de suivre toutes les évolutions et les changements d’aides à la rénovation. »
MaPrimeRénov', « Habiter mieux sérénité » de l'Agence nationale de l'habitat (Anah), Éco-prêt à taux zéro (Éco-PTZ), Coup de pouce économie d'énergie, chèque énergie pour aider à payer des factures d’énergie ou des travaux de rénovation, CEE… Une profusion d’aides, et de textes, qui permettent entre autres d'améliorer l'isolation d’un logement ou de diminuer une facture de chauffage mais qui, selon Joël Pedessac, provoque un effet « Stop & Go » et donc un passage à l’action de certaines collectivités territoriales.
« Le problème est qu’il y a beaucoup de propositions énergétiques mais ces dernières ne sont pas forcément performantes. Puis, il y a un palier de financement très important à franchir », souligne Julie Purdue, déléguée générale adjointe de l’association Amorce. Pour cela, l’association de la gestion locale de l'énergie, annonce lancer un outil de sensibilisation pour aider les professionnels à avoir des plans d’actions afin de les accompagner dans leurs projets de rénovation. Par ailleurs, l’Ademe, Amorce, la Fedene et le SER organisent la « semaine de la chaleur renouvelable » dans le but d’accompagner les professionnels dans cette transition et soutenir les projets de décarbonation.
« Il faut que l’on revienne à quelque chose de plus équilibré, qu’on change d’échelle pour traiter les passoires énergétiques et qu’on favorise l’innovation de l’énergie », conclut Joël Pedessac.
Marie Gérald
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