La rénovation énergétique : entre ambitions et réalités budgétaires
Sur le salon des Renodays, les professionnels du secteur du BTP sont unanimes : « une rénovation complète et performante est la meilleure option pour rénover son logement ». Et pour cause, elle traite tous les postes de consommation d’un logement : l’isolation (murs, toiture, planchers, fenêtres), le système de chauffage et la production d’eau chaude, ainsi que la ventilation.
«L’isolation dans un projet de rénovation énergétique c’est incontournable, et surtout, c'est efficace sur le long terme », déclare Jonathan Louis, ingénieur bâtiment durable de l’Agence de la transition écologique (Ademe).
Cependant, des propriétaires ne peuvent pas toujours s’engager dans ce type de rénovation. Les raisons sont très variables, mais en général « c’est le reste à charge qui est beaucoup trop élevé », souligne Bruno Millienne, député des Yvelines et vice-président de la commission développement durable à l'Assemblée nationale. « La réalité c’est ça ! », insiste-t-il.
Pour pallier ce problème, le député MoDem a évoqué son ambition de créer un crédit sur le reste à charge. Une idée qu'il a déjà partagé au sein de l'Assemblée nationale, mais qui n'a pas eu l'effet escompté. « On va continuer à porter ce projet, car on estime que c’est de cette manière qu’on incite le mieux les gens à se lancer dans une rénovation énergétique ».
En effet, engager des travaux de rénovation énergétique globale nécessite parfois plusieurs dizaines de milliers d’euros, et le projet d'une rénovation est souvent reporté à l’année suivante ou au-delà, malgré les aides financières mises en place.
Ne pas dépasser trois étapes de travaux
« La rénovation par gestes peut être un bon moyen de commencer une rénovation énergétique. Par exemple, changer de chauffage pour installer une pompe à chaleur permet parfois de gagner une ou deux étiquettes énergétiques, et induire plus de 70 % d’économie d’énergies sur la facture », nuance toutefois Philippe Méon, président d’Énergie & Avenir.
Chez Uniclima, « on revient sur l’idée qu’il faut absolument commencer par l'enveloppe du bâtiment », indique de son côté Yves d’Andon, vice-président de ce syndicat professionnel dédié aux industries thermiques. « On doit revenir sur l'enjeu de la rénovation en elle-même. Tout miser sur la rénovation globale, c’est aller droit dans le mur ! », ajoute-t-il.
Ainsi, le député des Yvelines préconise la mise en place d’un carnet de suivi avec des bonus de subvention, par étapes de travaux faits. « Pour inciter les particuliers à engager des travaux de rénovation énergétique, il faut leur dire combien ils pourraient économiser précisément sur leur facture d’énergie », explique Bruno Millienne.
Une rénovation par étapes peut alors être envisagée après avoir exploré toutes les pistes de financement. « L’important c’est d’avoir une vision globale du projet de rénovation, et de ne pas dépasser trois étapes de travaux », estime Jonathan Louis. Prioriser les étapes donc, notamment pour éviter les risques de pathologie du bâti liée à ces travaux. Car, selon une enquête de l'Ademe, la rénovation partielle, quand elle n'est pas réfléchie de manière commune, « peut être contre-productive ». Les travaux d’isolation peuvent ainsi entraîner un défaut de ventilation dans le bien immobilier, et déclencher des problèmes d’humidité.
« Facture, confort, projet, et performance réelle au compteur, c’est tout ce qui intéresse le particulier. Il faut le garder en tête », conclut l’ingénieur de l’Ademe.
Marie Gérald
Photo de une : M.G