L'autre façon de sauver le Sahel ? Construire sans bois ...
Comme Altini et Youma Karim, lauréats du second prix, ils sont aujourd'hui plus de 280 maçons formés par Development Workshop depuis 2005. Plus de 200 stagiaires maîtrisent désormais l'élaboration des devis estimatifs pour la construction. DW les encourage à se constituer en GIE (Groupement d'intérêt économique) afin de participer aux appels d'offres locaux en matière de construction. John Norton estime que des stratégies possibles existent pour intégrer cette main-d'oeuvre qualifiée dans le cadre du processus de développement local, notamment à travers les projets d'infrastructures et lotissements à visées sociales et économiques.
Le coordonnateur national de DW, Arsène Tuina entend vulgariser cette technique auprès des pouvoirs publics : "nous organisons des ateliers et des rencontres avec les autorités locales pour présenter la CSB et l'intérêt qu'elle revêt. D'autre part, au niveau national, nous proposons des plans types pour les bâtiments publics et des logements parce que nous avons la possibilité de fournir un programme de logements avec cette technique. Nous comptons renforcer le partenariat avec les élus locaux afin qu'ils permettent aux artisans formés de pouvoir offrir aux populations locales un habitat moins cher et respectueux de l'environnement". Pour l'occasion, trois haut-commissaires (Lorum, Oudalan et Seno) ont fait le déplacement de Djibo aux côtés de celui de Djibo, Bazomboué Bazié. Les maires des communes voisines, ainsi que celui de la commune rurale de Dablo dans le Sanmentenga ont pris part aux visites des infrastructures. Ces derniers ont montré leur intérêt pour la CSB. Le haut-commissaire du Soum lui-même s'est offert un salon d'une dizaine de mètres carré pour soutenir son logement fragilisé par l'usure du temps. Le premier responsable de la province donne ainsi l'exemple. Mais il n'est pas le seul. Jean Marie Silga, commerçant de son état, s'est lui aussi payé le luxe d'une villa F5 qui a émerveillé les membres de la délégation dont les représentants de l'Union européenne et de l'ambassade royale du Danemark, les deux principaux partenaires financiers de DW. Ces deux institutions financent un programme de trois ans d'un montant de 262 millions de francs CFA à hauteur respectivement de 75% et de 10%. La région Midi-Pyrenées (France) contribue pour 4% de ce montant dans le financement du projet intitulé "Développement de la capacité endogène pour l'amélioration de la qualité de vie et renforcement de la société civile". Il s'agit, à travers le programme mené, de permettre aux populations à revenus faibles d'avoir accès à des logements de qualité à un coût modéré grâce à "des techniques innovatrices et respectueuses de l'environnement", selon la représentante de l'Union européenne, Alessandra Cuchi. L'innovation ici, c'est la construction sans bois et son intérêt dans la région du nord et du Sahel est l'économie en matière de déboisement. Selon le président de DW France, cette technique a permis d'économiser 7 kilomètres de poutres de bois. La valeur des chantiers entre 2003 et 2006 est estimée à plus de 75 millions de francs CFA.
La coopération danoise est présente dans l'appui à la construction sans bois depuis 1995 à travers le projet "Un espoir dans le Sahel" conduit par la Croix rouge des deux pays. Depuis cinq ans, l'ambassade du Danemark accompagne DW pour un montant de 307 millions de francs CFA avec pour entre autres objectifs le développement d'un plan d'action départementale pour l'amélioration de l'habitat et l'infrastructure décentralisée et pour les protections de l'environnement, l'intégration des femmes dans le programme. Sur ce volet, 135 femmes potières ont été formées et dotées de six fours construits selon le modèle sans bois qui se révèlent plus économique en matière de consommation de combustible. Ces femmes fournissent également les maçons en gouttières céramiques pour la construction sans bois. Toute chose qui leur procure un revenu supplémentaire.