Hydrogène : Bulane souhaite décarboner le bâtiment avec sa flamme verte
Le 17 septembre dernier, Coénove organisait le 3e live Innogaz, l’occasion d’en savoir plus sur Bulane, une société novatrice qui a développé une technologie permettant de produire une flamme verte générée à partir d’eau et d’électricité.
En introduction de cette matinée, Florence Liévyn, directrice générale de Coénove, a rappelé combien il était important de s’appuyer sur la complémentarité des énergies. « Au sein de cette complémentarité, le gaz, qui est une énergie progressivement renouvelable, a toute sa place ».
Bulane s’est proposé « un pari un peu fou ». Celui de « décarboner la combustion au sein des logements, et faire des millions de chaudières gaz que nous avons actuellement, un outil au service de la transition énergétique, sans finalement avoir à changer ni l’équipement, ni l’énergie », a-t-elle souligné.
Bulane a en effet pensé une solution permettant de produire « une combustion propre et performante à partir de l’oxygène et de l’hydrogène naturellement présents dans l’eau ». La société croit en effet en l’alliance « des électrons d’un côté » et « de combustion de l’autre ». L’idée est « d’exploiter le meilleur des deux mondes » et de générer des combustions à partir d’électrons « bien choisis », a expliqué, Nicolas Jérez, son Président.
Dans le cadre du Plan Hydrogène, le Gouvernement souhaite exploiter pleinement cette filière d’avenir, et en privilégiant des procédés tels que l’électrolyse, qui est le coeur de métier de Bulane. « On a pris tout ce qu’il y avait de mieux dans le domaine de l’électrochimie et de la conception d’électrolyseurs ».
Un marché porteur
La technologie développée a déjà fait ses preuves dans le secteur industriel via la solution dyomix®. « La flamme, la combustion est utilisée dans des procédés métallurgiques (soudage, brasage) ». « On atteint notre premier millier d’électrolyseurs fabriqués et vendus depuis 5 ans », a révélé M. Jérez. La société peut ainsi se vanter d’avoir pu tester, éprouver et industrialiser son innovation.
©Bulane
Mais Bulane souhaite aujourd’hui aller plus loin et se positionner sur les marchés du bâtiment, un secteur « où on doit être capable d’électrifier intelligemment et au bon moment ». « Tous les besoins de combustion et de chauffage sont quand même assez massifs (…) et sont déjà existants. L’hydrogène peut jouer un rôle dans cette décarbonation massive ». Outre la génération d’oxygène et d’hydrogène, l’électrolyse produit de la chaleur ; une chaleur qui peut être valorisée, d’où l’intérêt de faire « une électrolyse locale ».
« Le parc de chaudières existant doit pouvoir rendre des services, doit pouvoir dialoguer avec le réseau électrique pour pouvoir augmenter le niveau d’interaction sur les réseaux au niveau du territoire », a estimé Nicolas Jérez. « La technologie est très ciblée. On va être sur des puissances de 1 Kw à 20 Kw. On va également se positionner, en aval, sur le décentralisé pour être très proche du territoire, des usages, des électrons que l’on va aller chercher sur le réseau électrique. On va connecter notre technologie à ces réseaux électriques, via de l’intelligence des réseaux et des smartgrids, puis on va faire en sorte (qu’elle soit) compatible aux brûleurs existants » et aux nouvelles générations de chaudières hybrides.
Bulane s’inscrit ainsi dans la même logique que le Power-to-gas. « On sait qu’aujourd’hui, on peut injecter jusqu’à 6% d’hydrogène. L’objectif de la PPE, c’est d’arriver sur 20% dans plusieurs années. Le marché va être segmenté, l’adressage de cette hybridation ne sera pas fait d’une seule fois partout ».
Bulane vise une commercialisation d’ici 24 mois pour une technologie plug-and-play qui devrait coûter aux alentours de 3000/4000 euros. « Aujourd’hui la technologie existe dans le sens où elle a déjà fait ses preuves. On ne part pas de zéro. Ce qu’on ne maîtrise pas, c’est l’aspect intégration, la réglementation et c’est pour ça que l’on s’est rapidement rapproché de certains partenaires du métier ». La société travaille en effet avec un maximum d’équipementiers, d’intégrateurs et de fabricants pour maximiser le déploiement de la technologie.
Une technologie déployée en toute « sécurité »
Au niveau du rendement global, « on va être autour de 70/75% », a avancé Nicolas Jérez. Et en récupérant la chaleur perdue de l’électrolyseur, « monter jusqu’à 90% ». Quant à la consommation d’eau ? « Un litre d’eau, c’est à peu près, en décomposé, 2m3 de gaz. L’électrolyse consomme très peu d’eau. Pour alimenter dans l’industrie, un chalumeau, ou un brûleur pendant une journée, on va consommer un demi-litre d’eau, même pas un litre d’eau. L’eau n’est pas un sujet dans la mesure où on a déjà identifié comment on allait pouvoir s’approvisionner en eau dans le bâtiment ».
Niveau sécurité, Bulane précise enfin que la technologie a été reconnue « plusieurs fois au titre de la prévention des risques puisqu’elle permet d’éliminer le risque d’avoir du gaz sous pression sur les chantiers. On ne stockera pas l’hydrogène dans les bâtiments. On sera vraiment dans une production à flux tendu, sans stockage et à la demande à quelques secondes près ».
R.C
Photo de une : ©Bulane