Empreinte : une maison laboratoire de la transition écologique
À quinze minutes à l’ouest d’Angers, dans la petite commune de Beaucouzé, abritant 5 446 habitants, se trouve l’éco-quartier des Echats III. Né en 2015, ce quartier en France couvre une surface de 17 hectares et souhaite accueillir pas moins de 380 logements à terme.
Au fond du quartier, au 1 allée Rachel Carson, se situe la première maison Empreinte, une maison de 130m2 comprenant cinq pièces sur deux niveaux. Construite en 2021, elle réunit un collectif de plus de 20 acteurs innovants aux savoir-faire complémentaires. Dans quel but ? Être un modèle, un laboratoire, une vitrine pour l’avenir et la transition écologique.
« Un travail commun »
Pour mener à bien son projet lancé il y a un peu plus d’un an, l’entreprise générale du bâtiment ERB a dû miser sur le collectif, et ce dès la conception. En plus, du cabinet d’architecture et d’urbanisme, Johanne San, la phase de conception de la maison a réuni AB Ingénierie, spécialisé dans l’ingénierie environnementale et thermique, EvenStructures, expert en ingénierie structurelle, ainsi qu’une dizaine d’autres partenaires directement impliqués sur le futur chantier.
La commune de Beaucouzé, qui s’est engagée dans un processus de transition écologique depuis de nombreuses années, est également l’un des premiers partenaires, puisqu’elle s’est proposée pour mettre à disposition un terrain dédié au projet Empreinte. « Les enjeux climatiques sont de nos préoccupations et c’est de notre devoir de travailler sur ce projet-là. C’est un travail commun et nous avons voulu apporter notre pierre à l’édifice en mettant à disposition un terrain », explique Yves Colliot, le maire de Beaucouzé.
L’initiative pensée et pilotée par ERB a donc fait appel à 23 acteurs au total, qui se sont tous organisés autour de quatre champs d’exploration, pour révolutionner le secteur de la construction. Tout d’abord, en misant sur l’innovation collective de PME et de startups aux savoir-faire complémentaires et en mettant l’habitant au cœur du projet, mais aussi en s’appuyant sur les outils numériques comme la réalité augmentée ou l’impression 3D, et en intégrant l’économie circulaire à chaque étape pour limiter l’empreinte sur l’environnement.
« L’objectif est de diviser tous les segments de la construction d’une maison standard. La maison Empreinte par exemple émet quatre fois moins de carbone qu’une maison normale et ne nécessite que quatre mois de construction contre dix pour une maison individuelle standard », indique Thomas Grenouilleau, le président d’ERB.
Une diversité d'innovations testées
« Une maison comme celle-ci, il en existe nulle part ailleurs », poursuit Thomas Grenouilleau. En effet, la maison Empreinte expérimente plusieurs solutions novatrices en France mais aussi dans le monde, qui ont pour objectifs de repenser la conception et la réalisation d’une maison, tout en diminuant l’empreinte environnementale du secteur de la construction. Michel Ballarini, le dirigeant de la société Alter public, l’aménageur du projet, déclare : « La maison est une somme de réponses aux problématiques environnementales ».
L’entreprise ERB a donc sollicité divers spécialistes. Les fondations de la maison ont par exemple permis de tester pour la première fois les granulats Néolithe, issus de la fossilisation de déchets. Une nouvelle technologie qui permet de réduire l'extraction de granulats en carrière et de lancer une économie locale et circulaire du déchet, quand presque 70% des déchets en France viennent de la construction. En parlant d’économie circulaire, la société Terra Innova a récupéré les terres excavées du chantier dans le but de les réutiliser à des fins agricoles.
Les espaces extérieurs ont été conçus par la société Autres Paysages et s’inspirent des principes de la permaculture. Le jardin devient ainsi un espace à part entière de la maison, une zone de biodiversité et un lieu de culture vivrière, qui permet un meilleur écoulement et une meilleure infiltration de l’eau dans le sol. Le toit a par ailleurs été construit de manière inclinée, afin de faciliter l’écoulement des eaux pluviales.
La technologie Batiprint 3D a quant à elle était utilisée pour l’impression 3D de la maison, en utilisant les bras robotiques Yaskawa. Cette technologie permet d'imprimer des murs en mousse polymère produite en partie avec des bouteilles plastiques PET recyclées. Un moyen de supprimer par trois les moyens logistiques et financiers nécessaires pour construire une maison, puisqu’un robot coûte dix fois moins cher qu’une grue.
Enfin, une chape d’argile a été posée par Maçonnerie Projet sur les sols intérieurs, ce qui offre à la maison des avantages à la fois environnementaux mais aussi thermiques. Biosfaire, fournisseur de produits biosourcés, a permis de sélectionner le liège pour les sols des chambres et salle de bain, le liège conjuguant confort acoustique et performance thermique, et les peintures Circouleur utilisées pour les finitions intérieures de la maison sont fabriquées à partir de peintures recyclées.
« Cette maison nous a appris que tout est possible. On peut renverser la table et changer les normes de la construction si on s’en donne les moyens », conclut le président d’ERB. L’entreprise générale du bâtiment souhaiterait par ailleurs travailler sur deux nouveaux projets, dont le premier serait de construire une maison d’habitation en terre creuse, tandis que le deuxième viserait à baisser les quantités de matériaux nécessaires sur un chantier.
Robin Schmidt
Photo de une : © ERB