Aides à la rénovation énergétique : BigMat mise sur la formation des artisans
La récente étude de BigMat sur le rapport des artisans aux aides à la rénovation énergétique souligne que la transition énergétique est un sujet devenu de plus en plus stratégique pour les professionnels ces dernières années. Qu’en pensez-vous ?
Fabio Rinaldi : On voit bien que c’est quelque chose de progressif dans le temps et qui tend à s’accélérer depuis ces deux/trois dernières années. C’est aussi une question d’actualité et de projection. On se rend compte, aujourd’hui, côté particuliers, qu’une majorité ne connaît pas encore ces outils. Au niveau des artisans, même si une majorité trouve ces derniers efficaces, il y a toujours ce côté administratif qui est toujours un peu compliqué.
Quelles solutions permettraient de simplifier ces démarches, selon vous ?
Fabio Rinaldi : Pour des dispositifs de type isolation des combles, il y a des partenaires comme EBS Énergie ou bien Butagaz, qui mettent à disposition des plateformes où vous pouvez enregistrer vos dossiers. Grâce au digital, c’est vrai qu’il y a une simplification du traitement des dossiers. Après, le particulier est capable, sur les différents sites, de voir quelles sont les aides attribuées. Donc l’information se fait également beaucoup par les outils digitaux.
Dans le cas BigMat, il y a aussi l’exemple d’un adhérent, Libaud, en Vendée, qui, pour mieux communiquer, a ouvert un point de vente dans un centre commercial, où il pousse directement le consommateur. Donc là, il y a un accompagnement, une pédagogie, où l’on informe les différents consommateurs sur les dispositifs. On accompagne même dans la mise en relation avec les artisans. D’autres adhérents, eux, rencontrent des particuliers qui sont demandeurs, sur le point de vente, d’un dispositif pour financer la rénovation. Et dans ce cas-là, on les met en relation avec des artisans qui sont RGE. Cela va dans les deux sens.
D’autres facteurs expliqueraient la difficulté des artisans à parler des aides à la rénovation ?
Fabio Rinaldi : Il y a un élément humain, qui est l’habitude d’installer des produits ou de réaliser des travaux. Et là, il y a quelque chose de nouveau qui s’est engagé depuis quelques années et pour un grand nombre d’artisans c’est une nébuleuse… De ce fait, ils n’osent pas en parler à leurs clients ou en faire un atout commercial. Tout cela demande de la communication, mais aussi de la formation.
Nous croyons beaucoup en la formation. Il y a d’ailleurs des outils que nous proposons à travers notre centre de formation « l’Académie des Bâtisseurs ». Formation que nous proposons à nos adhérents et à leurs collaborateurs, pour qu’ils parlent très librement des aides à la rénovation à leurs clients artisans.
Pour certains, il y a aussi le sentiment que, si on propose un produit différent, ça va coûter plus cher. Il faut pouvoir expliquer à l’artisan qu’il ne faut pas hésiter à proposer certains produits. Parce que, un, on a tous un rôle à jouer dans cette transition énergétique, et deux, le client particulier s’y retrouvera parce qu’il économisera sur sa facture de consommation d’énergie. Et surtout que tout ceci se fait avec des aides, qui font que ces travaux sont réalisés en grande partie pour presque rien ou sur lesquels la contribution est minime.
Y a-t-il, selon vous, un secteur de la rénovation énergétique qui mérite plus d’attention que les autres ?
Fabio Rinaldi : Vous avez un secteur qui est plus récent et prend de plus en plus d’ampleur, c’est l’isolation des murs par l’extérieur, sur lequel il faut être vigilant car ça demande quand même des compétences.
Chez BigMat, nous avons créé une capsule sur notre site digital, « l’Artisanat durable ». On y met en avant des solutions d’isolation des murs par l’extérieur, de murs à énergie positive, d’isolants minces réfléchissants… Tout cela passe par la communication et l’information adressée aux artisans professionnels, mais aussi aux particuliers, parce que, quelque part, le particulier est prescripteur, car il demande ensuite une solution à l’artisan.
En quoi BigMat peut encourager le recours à des matériaux plus vertueux ?
Fabio Rinaldi : Il y a un travail à réaliser avec nos fournisseurs : c’est le choix des matériaux pour faire évoluer les produits proposés, qu’ils soient plus isolants, moins polluants... Il y a de plus en plus, au sein de certains marchés publics, des demandes ou des appels d’offre où l’on regarde particulièrement l’origine des produits, la consommation de CO2, le traitement des déchets etc.
Il n’y a pas d’interdiction mais plutôt des normes en France. Il est évident que chez nous, le passage obligé, c’est de répondre aux normes du marché français et européen, sinon un produit est exclu de notre plan de vente. Comme on travaille avec des entreprises d’origine française ou européenne, on est assez rassurés et on reste vigilants.
Propos recueillis par Virginie Kroun
Photo de une : Fabio Rinaldi