L’étanchéité à l’air commence avec le maçon
Le décret d’application de la nouvelle réglementation Française fixe le débit maximum des fuites d’air à 0,6 m3/h/m2 (contre 0,16 pour la norme Allemande « Passivhaus »). Or, la moyenne constatée dans le bâti existant français oscille autour de 1,1 m3/h/m2 (estimation Batiweb). Une marche qui nécessite l’évolution des méthodes de travail et le recours à l'auto contrôle.
Un travail collectif et soigné
« Tout repose sur le premier rang de parpaings. Il doit être parfaitement rectiligne et horizontal » résume Frédéric Villeneuve, directeur commercial de Coreb, une petite entreprise familiale de construction qui a réalisé la première maison en bloc béton labélisée BBC-Effinergie en Limousin. En effet, la pose en joints minces interdit les ajustements des rangs supérieurs. Une contrainte vite rentabilisée sur le chantier : « Nous passons certes beaucoup plus de temps au début. Mais ensuite, le travail est moins fatiguant car les sacs de colle sont plus légers, et nous allons plus vite car il n’y pas besoin de plomber » analyse Frédéric Villeneuve.
Une simple formation in situ d’une journée suffit à se lancer. « Après cinq ou six chantiers, on est rodés. En fait, il s’agit surtout de garder l’objectif d’étanchéité en tête. Après une petite crainte au début, nos équipes se sont rapidement appropriés la démarche » rassure Frédéric Villeneuve. Aucun investissement matériel n’étant nécessaire, la mise en œuvre est donc véritablement ouverte à tous les maçons, quelque soit la taille de leur entreprise. En revanche, l’organisation du chantier évolue : « Le maçon ne peut plus faire son travail dans son coin, rappelle Frédéric Villeneuve, Il est primordial de travailler de concert avec les autres corps de métier car le jour du test, nous sommes tous dans le même bateau ! » .
Investir dans l’auto-contrôle
Lors de ce contrôle final d’étanchéité à l’air par porte soufflante, nécessaire pour la labellisation, la maison bâtie par Coreb a obtenu 0,34 m3/h/m2, soit pratiquement deux fois mieux que l’objectif. « En plus du test final, nous recommandons aux artisans de procéder eux-mêmes à des tests intermédiaires, déclare Dominique Metayer, Président de l’UNA Maçonnerie Carrelage, c’est non seulement un impératif qualitatif mais aussi une façon de valoriser nos métiers ». Concrètement, les artisans devront donc investir environ 10 000 euros pour acquérir une porte soufflante, une caméra thermique, et suivre les formations idoines. Ou payer quelques centaines d’euros pour chaque test auprès d’un prestataire.
Olivier Barrellier