L’état des canalisations en France est catastrophique
L’entretien et le renouvellement des réseaux sont aujourd’hui devenus vitaux. Fuites jamais traitées, ruptures, l’état des canalisations en France est catastrophique, à quelques exceptions près. Au rythme actuel des investissements, il faudrait près de deux siècles pour remplacer les canalisations. Il est aujourd'hui produit 6 milliards m3 d’eau potable dont 22 % en moyenne perdu à cause des fuites. Ce pourcentage peut atteindre 40 % localement. 1,3 milliard de m3 d’eau potable disparaissent ainsi dans les canalisations, soit 190 000 litres d’eau perdus toutes les 30 secondes. L’indice de perte est de 120 litres par abonné et par jour (source Astee).
Le réseau d’eau potable en France représente un linéaire de canalisations de 906 000 km dont la pose a commencé au XIXème siècle. Son extension se poursuit encore mais il est surtout entré dans une phase nécessaire de renouvellement beaucoup trop lente au regard de la vétusté constatée de réseaux. D’après la dernière enquête « Eau et Assainissement » du ministère de l’Écologie, l’extension du réseau se poursuit au rythme de 3 750 km par an, tandis que son renouvellement n’a été que de 5 041 km par an. D’après l’étude Cador de 2002 sur le patrimoine des canalisations d’alimentation en eau potable environ 50% du réseau des canalisations d’eau serait antérieur à 1972. Beaucoup de réseaux ont été en effet construit après guerre. 20% des canalisations posées avant 1960 sont en fonte grise ou en acier, des matières cassantes ou corrodables qui favorisent les fuites.
Une gestion patrimoniale des réseaux s'impose
Pour ne rien arranger, les dépenses d’équipement portant sur l’eau et l’assainissement ont accusé en 2010 une baisse estimée à -5,6% par rapport à 2009 (estimation portant sur 83 départements). Une nouvelle baisse des moyens consacrés à l’investissement dans les équipements est à craindre, alors que les investissements théoriquement nécessaires seraient de 1,5 milliard d’euros par an. Les économies réalisées en réduisant les pertes permettraient notamment d’accélérer le renouvellement des réseaux. Les pertes représentent 1,5 milliard m3 par an, au prix moyen de l’eau potable de 1,6 euros/m3, soit au total 2,4 milliards d’euros par an. Avec ces moyens, 1 500 à 6 000 km supplémentaires de réseaux pourraient être renouvelés chaque année.
Face à ces constats, une véritable gestion patrimoniale des réseaux à long terme s’impose pour mettre en place leur renouvellement et améliorer leur réhabilitation. « Si l’on n’agit pas dès maintenant, les travaux de renouvellement coûteront à l’évidence plus cher, à l’exemple de travaux réalisés dans une maison, il n’est jamais prudent de remettre à plus tard certains investissements » indique l'organisation Canalisateurs de France qui fédère 400 entreprises spécialisées dans la pose de canalisations d’eau potable, d’eaux usées, d’irrigation et de gaz, employant 38 000 collaborateurs. « Enterrés et invisibles, les réseaux d’eau et d’assainissement n’en représentent pas moins un précieux patrimoine, acquis de longue date et que l’on se doit de transmettre intact aux générations futures » précise l'organisation.
Bruno Poulard
Les chiffres clés du secteur de l’eau et de l’assainissement => 906 000 km de réseau d’eau potable en France => 395 000 km de réseaux d’eaux usées et pluviales en France, dont : => 300 000 km gérés par les entreprises de l’eau |