La Mairie de Paris s’oppose au projet de transformation de la gare du Nord
La Ville de Paris a annoncé mardi 1er octobre qu’elle s’opposait au projet de rénovation de la gare de Nord, jugé « trop commercial », rejoignant ainsi l’avis d’architectes à l’origine d’une tribune publiée dans Le Monde le 3 septembre dernier.
Ces derniers accusaient la SNCF et Auchan (via sa filiale Ceetrus) de faire de la transformation de la gare un projet outrageusement commercial risquant de rallonger davantage les temps de trajet des passagers en les obligeant à passer par des surfaces commerciales. Ils avaient alors demandé à ce que le projet soit « repensé de fond en comble ».
Un projet « trop commercial »
« Il faut revoir le projet », ont à leur tour clamé Jean-Louis Missika, adjoint à l’urbanisme à la Mairie de Paris, et Alexandra Cordebard, maire du 10ème arrondissement de Paris, dans une tribune également publiée dans Le Monde.
« La Ville de Paris ne sera pas aux côtés de la SNCF pour défendre le projet commercial » y annoncent-ils, ajoutant que « la dimension commerciale ne doit pas prendre le dessus sur les services rendus aux usagers ».
Contre ce projet, ils ont toutefois reconnu que la situation actuelle de la « première gare d’Europe » n’était pas satisfaisante, « tant en termes de sécurité, d’accueil des voyageurs que d’espaces d’attente ». SNCF Gares et Connexions abonde en ce sens, rappelant qu’avec 6,86 sur 10, la gare du Nord est actuellement la plus mal noté par les clients des grandes gares.
Les deux élus socialistes ont assuré que la ville de Paris était prête à « assumer sa part aux côtés de l’Etat et de la région Île-de-France » afin que la rénovation de la gare soit financée par des fonds publics plutôt que par une coentreprise entre SCNF Gares et Connexions et Auchan, comme le projet le prévoit actuellement.
L’opposition déplore un « revirement »
La SNCF et plusieurs personnalités politiques ont dans la foulée dénoncé un « revirement » de la part de la Mairie de Paris. Guillaume Pépy, patron de la SNCF a ainsi pointé le risque d’un report de plusieurs années.
« On a décidé de l'avenir de la gare du Nord sur un coup de tête » accuse pour sa part Benjamin Griveaux, candidat LREM à la mairie de Paris. La Ville de Paris « raye d'un trait de plume cinq années de travail », a-t-il déploré.
Il n'y a « pas de revirement », s’est défendu Jean-Louis Missika. « La Mairie dit depuis des mois que ce projet est déséquilibré et qu'il ne peut pas fonctionner », a-t-il rappelé.
Des erreurs lors du vote de délibération ?
Le projet doit désormais passer devant la commission nationale d'aménagement commercial qui rendra son avis le 10 octobre. Mais pour le moment, des communistes et des macronistes de gauche ont dénoncé ce mercredi 2 octobre des erreurs dans le compte-rendu du vote de délibération qui s’était tenu en juillet dernier. Les macronistes de gauche, absents lors du vote, ont été comptés parmi les opposants, et les communistes, opposés au projet, mis parmi les soutiens. « On ne sait pas ce qui s'est passé, peut-être un bug dans le logiciel », suppose un cadre communiste.
Affaire à suivre.
C.L.
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