Pose de la première pierre du programme contesté de Villages Nature
Installé entre deux forêts domaniales de Seine-et-Marne, à une trentaine de kilomètres de Paris, les « Villages Nature » sont conçus comme un lieu de loisirs en forme de « cité végétale » et centré sur la nature.
A priori donc, un lieu qui respecterait la nature... Mais cette définition est loin de convaincre les écologistes d'EELV qui sont montés au front pour dénoncer un projet « inutile », alors que Manuel Valls assistait ce jeudi à la pose de la première pierre du programme.
Cette « opération de promotion immobilière au service de privilégiés »,« c'est du greenwashing » (de l'écoblanchiment, un alibi écologique utilisé par certaines entreprises, ndlr), selon Mounir Satouri, le président des élus EELV de la région Île-de-France : « faire de la géothermie pour chauffer un lac, c'est stupide », estime-t-il.
« Il est indécent » de consacrer de « l'argent public, venant de l'État et de la région, à enrichir des spéculateurs immobiliers », affirme l'écologiste. Ce chantier « est un grand projet inutile qui gaspille des terres agricoles, naturelles et forestières ».
Estampillé « opération d'intérêt national »
Pourtant, le projet développé par les groupes Euro Disney et Pierre et Vacances/Center Parcs est estampillé « opération d'intérêt national » (OIN), en partenariat avec les collectivités.
Il prévoit l'implantation dans un premier temps un millier de cottages autour d'un « Aqualagon » qui devrait devenir l'un des parcs aquatiques couverts les plus grands d'Europe avec ses 11 500 m2, et d'un lagon extérieur de 3 500 m2, chauffé par géothermie à plus de 30 degrés.
Le site doit comprendre également une promenade autour du lac, bordée de commerces, de cafés et restaurants, ainsi que des jardins suspendus, une ferme bio, des espaces lacustres, des sentiers forestiers, des immeubles à l'architecture végétale...
A terme, l'ambition de ce Village Nature est de devenir l'un des plus gros sites touristiques de France, avec dans une dizaine d'années, jusqu'à 5 500 appartements et cottages et 150 000 m2 d'équipements sur 500 hectares, une surface grande comme sept Center Parcs.
Première tranche des travaux mi-2016
La première tranche des travaux doit s'ouvrir mi-2016 et permettre, selon les promoteurs, la création de 4 500 emplois, dont 1 600 directs. Les Villages Nature sont une opération privée, avec une participation de la Caisse des dépôts, mais des investissement publics, principalement des aménagements routiers et ferroviaires prévus pour la desserte du site ainsi que pour les alentours, pourraient atteindre 110 millions d'euros à terme, selon EELV.
« Je veux voir dans ce projet un exemple de ce qui doit être fait pour concilier l'économie et l'écologie, le développement de nouvelles activités et la protection de la nature », a déclaré le Premier ministre dans un discours à Villeneuve-le-Comte (Seine-et-Marne) lors de la pose de la première pierre du programme.
« Cette offre de loisirs plus en retrait, plus proche de la nature, c'est une offre qui correspond bien aux aspirations de notre époque plus soucieuse de la protection de la planète, de ses paysages, de sa ressource en eau, de sa biodiversité », a-t-il vanté.
Vers un nouveau recours contre un projet de village-vacances ?
Le chef du gouvernement en a profité pour dénoncer la « prise en otage » pratiquée selon lui par des opposants à certains chantiers en France, alors que les écologistes EELV entendent poursuivre leur mouvement de contestation.
« J'ai déjà eu l'occasion de le dire : il n'est pas acceptable que certains projets, ici ou ailleurs, puissent être pris en otage par des opposants dont certains utilisent la violence pour se faire entendre. Et qui ne respectent pas le choix légitime qui est celui des élus », a lancé le Premier ministre.
« Certes, il est indispensable que les projets soient irréprochables dans leur conception, dans leur instruction, dans leur réalisation, et ensuite dans leur exploitation », a-t-il toutefois nuancé.
D'autres grands chantiers font également l'objet en France de vives contestations (aéroport de Notre-Dame-des-Landes, barrage de Sivens...). Le groupe Pierre et Vacances est d'ailleurs déjà confronté à une forte opposition à l'un de ses projets, le Center Parcs de Roybon en Isère. L'audience du tribunal administratif de Grenoble pour examiner la suspension ou non des travaux de défrichement sur ce site, a été repoussée au 18 décembre.
C.T (avec AFP)
© Jacques Ferrier Architecture