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Mariage d’amour entre acier et béton pour un viaduc de style romain

Publié le 31 décembre 2003

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De loin, il semble tout droit sorti de l’antiquité. Pourtant, derrière son allure post-romaine, le long viaduc de Meaux cache une prouesse technologique d’avant garde. Retour sur l’osmose réussie de 55 000 tonnes de béton et d’acier.
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Avec ses 1200 mètres de long et ses 37 300 m2 de tablier, on le croirait tout droit sorti de l’antiquité. Pourtant, le viaduc de Meaux est un concentré de modernité. Pièce maîtresse du réseau de contournement de la ville et première section de la troisième grande rocade d’Ile de France, l’ouvrage franchit successivement sur ses 21 piles la Marne, les deux canaux de Meaux et de l’Ourc et la ligne de chemin de fer Paris Strasbourg. Mais la modernité de l’ouvrage, malgré sa taille impressionnante, est invisible aux non initiés. Le viaduc de Meaux possède en effet un tablier qui constitue à la fois une grande première et une performance technologique. Sa taille, sa longueur et surtout sa largeur qui dépasse les 30 mètres (2X3 voies et 2 B.A.U), laissaient prévoir un poids colossal de béton. Sa dimension et son omniprésence dans le paysage excluaient en outre l’acier. Pour contourner l’obstacle les ingénieurs ont su marier dans un technique originale les deux matières, le béton et l’acier. Initialement, le tablier de l’ouvrage est constitué d’un caisson monocellulaire de 4,5 mètres de hauteur dont l’hourdis supérieur, qui supporte la chaussée, ainsi que l’hourdis inférieur, sont en béton précontraint. C’est entre ces deux éléments que les ingénieurs de la société Razel, ont développé leurs prouesses. Le caisson est en effet rigidifié par des bracons métalliques disposés en W à l’extérieur, en béton à l’intérieur, le tout étant renforcé à chaque extrémité de l’hourdis inférieur par des âmes métalliques plano-tubulaires. C’est ce dernier terme qui résume une avancée technologique dont on entendra certainement beaucoup parlé dans l’avenir. L’âme plano-tubulaire est en fait une succession de tôles planes et de tubes métalliques dont l’axe est vertical. Cette poutre d’un genre nouveau est connectée à l’hourdis supérieur par une platine d’acier et reliée par un nœud de pénétration au sein de l’hourdis inférieur. Ainsi constituée, cette âme d’acier plano-tubulaire dont les tubes sont ovalisés, absorbe sans sourciller les contraintes liées au retrait du béton ou à la précontrainte. Habituellement, lorsque le béton effectue son retrait, l’âme d’acier s’y oppose ce qui fissure l’hourdis. A l’inverse, lors de la mise en précontrainte, les efforts passent dans le métal inutilement. L’âme plano-tubulaire supprime donc ces contraintes majeures tout en offrant un rendement mécanique supérieur de 40% aux solutions tout béton. Cette innovation technologique met ainsi fin à l’éternel dilemme du choix entre le béton et l’acier dans les ouvrages à la fois massif et nécessairement légers. Avec son ventre plat, ses 21 pieds et le poids plume de son tablier de 55 000 tonnes, le viaduc de Meaux ouvre donc désormais la voie à des mariages d’amour que l’on disait impossible à réaliser entre les deux matériaux majeurs de la construction.

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