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Le casse-tête chinois d’acier du Grand Théâtre de Pékin

Publié le 15 décembre 2003

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Sous les yeux étonnés des Pékinois, l’une des plus grandes voûtes métalliques du monde prend forme sur le Grand Théâtre de Pékin. Un tricot géant et complexe né d’une épopée digne du Livre des records.
Le casse-tête chinois d’acier du Grand Théâtre de Pékin - Batiweb
Les Chinois, peu habitués aux complexes constructions métalliques, n’en reviennent pas. Le grand théâtre de Pékin, œuvre de l’architecte Paul Andreu, reçoit actuellement la charpente de son immense coupole. Dans un pays où le gigantisme devient un mot d’ordre, la coupole d’acier, conçue par l’architecte français ne dépareille pas. L’ensemble, par ses dimensions, sera dans son genre l’un des plus grands du monde. Avec une coque de 212 mètres de long, de 143 mètres de large et de 46 mètres de haut, sa taille dépassera celle du toit du CNIT à Paris, considéré jusque-là, avec ses 206 mètres de portée, comme un record. Alors que les premières membrures métalliques recouvrent les trois gigantesques salles de spectacles du Grand Théâtre (un opéra de 2416 places, un auditorium de 2017 places, un théâtre de 1040 places) on sait déjà que cette charpente à elle seule est une véritable épopée.

Un fragile tricot d’acier
Les pièces de l’immense puzzle, fabriquées en morceaux de 10 mètres à Shanghai, ont été acheminées à Pékin par une noria incessante de 400 camions. Au fur et à mesure de leur arrivée, les tronçons ont été montés par trois, avant d’être assemblés. Pour tenir ce rythme, sans aboutir à un capharnaüm géant, les techniciens chinois ont élaboré une logistique dont la complexité laisse pantois les acteurs français. Mais c’est à l’assemblage final que les choses se corsent. La structure est très souple, les éléments de charpente sont minces et longs et l’ensemble, lors de son élévation, est en permanence à la limite du voilage. Ainsi, chacun des 444 morceaux de 30 mètres des membrures partielles est soutenu par un jeu de câbles et supporté d’un échafaudage. Au final, il faut que chaque membrure, qui mesure entre 90 et 120 mètres, soit parfaitement en ligne et parallèle à sa voisine. Mais c’est sans doute la jonction des membrures incurvées qui constitue à elle seule le moment le plus délicat. La moindre erreur occasionne en effet une déformation générale de la voûte dans un sens ou un autre. Ces opérations, aussi délicates que lourdes, mobilisent en permanence plus de 200 ouvriers. Un chiffre qui peut sembler néanmoins relatif au regard de la fourmilière des 4 000 ouvriers présents pendant les premières phases du gros œuvre. Au milieu de cette débauche de camions, de poutres d’acier, de grues et d’ouvriers, les ingénieurs doivent aussi se confronter à des conditions climatiques particulièrement difficiles. Les températures extrêmement basses de l’hiver pékinois contrarient en effet les soudures et déforment l’acier. Les bâtiments de béton du Grand Théâtre sont ainsi peu à peu revêtus d’un immense, complexe et magnifique tricot de poutrelles qui devrait bientôt disparaître sous une coupole géante de titane. Une opération qui promet elle aussi d’être très délicate. Car l’extrême fragilité des plaques de titane et la minutieuse étanchéité de l’ensemble n’ont pas fini de constituer, pour Paul Andreu et les ingénieurs, un véritable casse-tête chinois. En attendant l’inauguration, pour les habitants de Pékin, la grande pièce de théâtre se joue aujourd’hui sur le chantier…

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