La tour Montparnasse le "faux phare" des Bretons de Paris
Un exploit
D'autant que les urbanistes avaient placé les 58 étages de la tour à la verticale du métro, dans un sol particulièrement meuble et tendre. Stations et lignes furent donc enfermées dans un corset géant de béton, au-dessus duquel passent des poutres ponts qui supportent les 115 000 tonnes de la tour. Les 56 piles de l'ouvrage traversent des épaisseurs de calcaire, d'argile et de marne, avant d'atteindre, à 62 mètres de profondeur, la couche de craie solide sur laquelle reposent les fondations. Le bâtiment (noyau de béton et charpente métallique) est profilé pour résister aux vents. Un véritable exploit à l'époque où l'on n'avait pas encore comme aujourd'hui une bonne maîtrise des matériaux. Originalité de cette tour, l'abaissement des barrières de sécurité démontables transforme instantanément la terrasse du 58e étage en héliport. Mais qui au fait en est propriétaire ? À l'origine, le promoteur était l'Américain Turttle, associé à quatre grandes banques. Mais rapidement, ceux-ci se désistèrent et c'est un promoteur français, Jean-Claude Aron, qui prit le relais. Avec un tour de table qui comprenait 31 groupes financiers. Aujourd'hui, les propriétaires sont au nombre de 200. Le mètre carré, alors, ne coûtait que 1500 euros. Il a été multiplié par dix depuis. Reste qu'il faut sans cesse trouver de nouveaux locataires. Car les 2000 m2 de bureaux par étage ne sont plus du dernier cri. Les charges y sont lourdes et la copropriété n'en facilite pas la gestion. Mais son emplacement reste et demeure l'un des plus recherchés de la capitale. Les Bretons de Paris, et les autres, ont adopté depuis longtemps l'ouvrage qui avec la gare est devenu le centre névralgique d'une grande partie de la capitale. Le seul regret des vieux habitants venus de Quimper, Brest, Lorient ou Saint Brieux est que la tour, l'une des premières construites en France, n'ait pas été peinte aux couleurs des vrais phares, ceux qui veillent sur les côtes de granit rose et de Cornouaille.