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La QAI, un critère technique essentiel pour les architectes

Publié le 26 octobre 2022

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À l’instar du vivre ensemble, de la convivialité et des espaces généreux, d’autres critères beaucoup plus techniques mais essentiels comme la qualité de l’air intérieur (QAI) impactent les usagers. Le rôle de l’architecte étant primordial, lors de la réalisation d’un projet, les différentes solutions concernant la qualité de l’air intérieur, sont toujours abordées.
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Comme dans chaque action, il y a avant tout la réglementation, les normes et puis les bonnes pratiques à adopter, la mise en place d’une qualité de l’air intérieur doit-elle accompagner l’architecte dès sa conception ? Une question posée tout d’abord à l’architecte Fabien Gantois, président du Conseil régional de l’Ordre des architectes d’Île-de-France, dont l’institution encourage les architectes à se former dans ce domaine. 

L’intéressé précise par ailleurs que l’Observatoire de la QAI prépare une étude rendue publique, d’ici quelques mois. Peut-être aurons-nous des réponses plus pertinentes et ciblées ? A suivre, avec attention. Et si jamais, à l’instar de la RE2020, de nouvelles normes concernant la QAI voient le jour, l’institution ordinale y sensibilisera les architectes. 

Des matériaux sains engendrent une meilleure QAI

 

Nous savons tous que la qualité de l’air extérieur dépend, entre autres, des différentes mesures urbaines et architecturales qui coordonnent la ville. La qualité de l'air intérieur dépend, à son tour, de multiples pratiques plus techniques et complexes, dont les administrateurs sont les maîtres d’ouvrages et les maîtres d’œuvres. Parmi ces procédés, nous pouvons citer les matériaux utilisés, aussi bien pour la structure d’un bâti que pour l’aménagement intérieur, les divers systèmes de ventilation ainsi que les habitudes des différents usagers.

La plupart des spécialistes sont d’accord pour dire qu’un immeuble tertiaire et un édifice dédié à l’habitation ne devraient pas être traités de la même manière, un espace qui accueille les enfants pour une longue période n’a pas les mêmes exigences ni les pré-requis d’un intérieur où l’on entrepose les machines. À chaque intérieur sa solution et à chaque solution son lot de réussite. 

Selon Fabien Gantois, limiter la pollution intérieure en repensant l’aménagement, choisir les matériaux dépolluants ou tout simplement non polluants aide à une meilleure qualité de l’air intérieur. Favoriser l’aération naturelle et le renouvellement d’air garantit moins d’émanation de CO2, tandis que le choix de matériaux sains réduit considérablement le taux des composées organiques volatils (COV).

L’architecte Axel Schoenert, dont l’agence est lauréate dans la mention « Meilleur projet responsable » des Trophées de la construction 2022 pour la Maison Bayard, et construit des immeubles tertiaires depuis une vingtaine d’années, soutient à son tour l’importance des matériaux utilisés. Et ce qu’il s’agisse des revêtements du sol, des peintures, des produits biodégradables et naturels. L’architecte, habitué dès son enfance à trier ses déchets, s’intéresse depuis toujours à la QAI d’un édifice. En effet, dans ses réalisations et ce dès leur conception, l’homme de l’art a recours à des matériaux qui sont constamment évalués à travers plusieurs organismes spécialisés. Ce qui a valu, à l’agence Axel Schoenert Architectes, à plusieurs reprises, les meilleures certifications du monde, comme le BREEM et le WELL, qui concernent directement la QAI.

Même constat du côté de l’architecte Loïc Daubas, qui s’est intéressé aux matériaux biosourcés grâce à la QAI. L’homme de l’art nous raconte qu’il a commencé ses recherches à ce sujet en 1997, quand l’amiante a été interdite en France. Dès lors, l’architecte, choqué par les conséquences sur les usagers, dont plusieurs membres de sa famille, de cette matière largement utilisée, a été attiré par les diverses solutions proposées pour purifier l’air intérieur. Travailler avec des matériaux biosourcés comme le fait l’agence Belenfant Daubas, utiliser des peintures saines qui, selon l’architecte, sont facilement accessibles aujourd’hui, n’est qu’un grand pas en avant qui devrait être accompagné par les mesures de la qualité de l’air, si l’on veut vivre dans un environnement sain.

Tout immeuble doit respirer

 

L’architecte Stéphane Maupin, qui vient de terminer, en collaboration avec Nicolas Hugon, une réalisation prodigieuse située non loin de Paris respectant un patrimoine paysager millénaire, affirme que « tout immeuble doit respirer » donc, le renouvellement d’air doit s’opérer, selon lui, au sein de chaque réalisation.

De son côté, Axel Schoenert, qui conçoit toujours des façades avec des ouvrants, nous explique l’importance de l’air naturel et les différents procédés qu’il utilise pour un meilleur renouvellement d’air dans ses projets. Les espaces de travail doivent donc être dotés d’une bonne acoustique et d’une grande luminosité, la qualité de l’air intérieur ne devrait en aucun cas être négligée, devenue importante pour une majorité des Français. C’est pourquoi l’architecte va au-delà de la réglementation, qui prévoit 20m3 à 25m3 d’air nécessaire par employé de bureau. Axel Schoenert, lui, assure aux usagers de ces espaces de travail 30m3 à 35m3. 

Avec des techniques « douces et moins énergivores », en utilisant des faux-plafonds rayonnants, l’air est constamment filtré au sein de ses projets. L’air soufflé dans le bâtiment, refroidi ou réchauffé, est donc un air sain tandis que l’air extrait est expédié vers la toiture, un procédé selon lequel l’air est renouvelé au sein de la totalité de l’espace de travail toutes les 45 minutes. Il s’agit des mêmes techniques utilisées dans les avions pour renouveler constamment l’air.

De même, Loïc Daubas, convaincu que la qualité de l’air intérieur passe par un meilleur renouvellement de l’air au sein des édifices, applique, dès sa conception tous les préceptes capables d’assurer de l’air sain dans ses réalisations. L’architecte se rappelle qu’en 2015 une réglementation, avortée très vite pour des raisons budgétaires, a failli obliger les maires à chercher le niveau du CO2 dans les écoles où les enfants passent la majorité de leur journée ,dans des endroits clos. Une démarche qui n’a pas abouti et qui aurait eu du sens selon l’architecte. Puis, il y a eu l’épisode du coronavirus qui a incité plusieurs pays comme la Suisse et l’Allemagne à investir dans des outils d’évaluation de la qualité de l’air, mais selon Loïc Daubas, en France, rien n’a été fait dans ce sens. 

Quid de la réhabilitation ?

 

Fabien Gantois concède que la prise en compte du mouvement d’air dans les espaces et les normes actuelles ne satisfait pas toutes les exigences de la profession. Il faut selon lui que les réglementations aillent plus loin, en englobant mieux encore l’existant.

Si Loïc Daubas, admet que dans les constructions neuves, un grand nombre d’architectes font très attention aux diverses recommandations concernant la qualité de l’air, il déplore l’état du patrimoine réhabilité où, pour le moment, aucune réglementation n’oblige les maîtres d’œuvres et les maîtrises d’ouvrages à faire tout leur possible pour assurer un air sain dans les édifices. 

Quant à Axel Schoenert, réglementation ou pas, continue avec la même méticulosité à appliquer les bons procédés qui se soucient du bien-être et de la QAI pour ses clients du tertiaire.  

 

Sipane Hoh
 
Photo de Une : Adobe Stock 

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